jeudi 20 mai 2021

Une femme qu’on croyait décédée se réveille juste avant son incinération – Chronique du 21 mai

Bonjour-bonjour

 

Un petit fait divers pour passer le temps ? Par exemple celui-ci : « En Inde, une femme de 76 ans malade du covid s’évanouit et se réveille quelques minutes seulement avant sa crémation. » Lu ici

 


Le fantasme du mort pas mort, illustrée par le personnage du croque-mort, supposé mordre l’orteil des défunts avant de les mettre en bière -  histoire de s’assurer qu’ils sont bien morts - nous fait frissonner tant il est vivace. Et que cette étymologie soit fantaisiste n’y change rien : reste que ce déni de la mort qui frappe un être qui nous est cher est constant.

Sauf qu’ici ce refus concerne non pas l’autre, mais nous-mêmes. Car l’histoire du mort qui se réveille dans la tombe c’est d’abord l’angoisse qui nous saisit, lorsque nous imaginons notre propre mort. C’est qu’à travers la mort des autres, c’est bien notre propre mort qui se dessine : on se rappelle le célèbre poème de John Donne « N’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : c’est pour toi qu’il sonne. »

On peut tout à fait ne pas se sentir concerné par cet étrange renversement qui nous fait souffrir quand arrive chez les autres ce que nous redoutons pour nous-mêmes. Mais c’est une banalité tant la chose est courante ; on pense par exemple à cette mamandise : « Couvre-toi, j’ai froid » (1) 

... Eh bien, nous y voilà : n’oubliez pas que dimanche ce sera le jour pour apporter à votre maman ces roses blanches qu’elle aime tant…

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(1) Une « mamandise » est une petite phrase que chacun porte en soi, entre la mémoire et l’instinct, plantée là par sa mère qui, elle-même la tenait de sa mère : « On ne parle pas la bouche pleine… Je ne suis pas ta bonne… Couvre-toi, j’ai froid » 

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