lundi 4 juillet 2022

Il y a urgence aux urgences – Chronique du 5 juillet

Bonjour-bonjour

 

Urgence aux urgences : vous reconnaissez le calembour trop facile qui émaille les unes de vos journaux depuis pas mal de temps ? Est-ce pour en faire moi-même une accroche que je le reprends ici ?

Pas du tout. Il s’agit d’attirer l’attention sur la distorsion sémantique (oui !) qui sépare l’« urgence » au singulier, dont la signification est donnée par n’importe quel dictionnaire : « Caractère de ce dont on doit s’occuper sans retard ; qui requiert une action, une décision immédiate » (CNRTL). Exemple : en ouvrant des huîtres je me suis planté le couteau dans la main : recoudre ça est « une action qui doit être immédiate ».

Et puis il y a les « Urgences » terme qui désigne un service hospitalier dont la fonction est certes de prendre en charge les cas exigeant une prise en charge immédiate, mais qui désigne aussi un service médical ouvert quand on ne sait pas où aller pour se faire soigner, soit que les médecins de ville soient « sur-bookés », soit qu’on n’ait pas d’argent pour payer la consultation. Devant ces situations inextricables, les hôpitaux ont pris le relève sans y avoir été missionnés, ni même adaptés.

- Une question, comme ça, en passant : supposons que vous soyez vous-même en cas d’avoir besoin des soins urgents, que faites-vous ? Vous vous faites emmener en voiture pour le service d’Urgence de l’hôpital le plus proche ? Mauvaise idée ! Vous devrez d’abord faire le 15, expliquer votre cas et entendre éventuellement que vous devez « vous tourner vers votre médecin traitant ». Bien sûr dans l’affolement où vous êtes, rien ne serait plus compliqué, avec ces cabinets tellement surchargés qu’il faut attendre 24 voire 48 heures pour obtenir un rendez-vous. Bien sûr, avec votre main qui pisse le sang vous ne vous sentez pas de soutenir une négociation sur la nécessité de trouver « un créneau libre » pour vous faire soigner. Non : vous allez quand même aux Urgences hospitalières brandir votre moignon sanglant sous le nez du planton de service.

Bref : quand j’entends que le nouveau ministre en charge de la question est lui-même un urgentiste, j’ai plutôt tendance à approuver. Même si je sais que tous les urgentistes ne sont pas d’accord entre eux, ils savent tous ce que ça veut dire de ne pas pouvoir prendre en charge quelqu’un qui en a réellement un besoin vital.

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