Bonjour-bonjour
Sondages après sondages, les français disent le peu de considération qu’ils ont à l'égard de leur dirigeants. Élections après élections ils répètent qu’ils veulent des politiques qui leurs disent la vérité (ou du moins celle qu’ils aimeraient entendre) et qui agissent pour chasser les soucis et les difficultés de la vie.
- Et voilà aujourd’hui des PDG (ceux qui gouvernent réellement le pays en dirigeant les entreprises qui font ou défont la prospérité sans laquelle la politique ne sert plus à rien), qui prennent la parole pour délivrer un message que les partis politiques n’ont cessé de dire et redire : il faut accepter la « sobriété » ou plutôt – cette acceptation étant supposée admise – il faut « passer d'une sobriété d'urgence à une sobriété organisée ».
Après donc avoir réduit notre consommation énergétique durant l’été, il faut penser à « Une sobriété durable qui passera obligatoirement par un partage de la valeur équitable et par une intégration du temps long au sein de l'entreprise, et donc par des évolutions de gouvernance » (1)
Bref : prenez une dose d’écologie, une autre de justice, ajoutez une bonne rasade de politique – et pour finir, versez juste un trait d’éthique. Voilà le cocktail de l’été et si possible des saisons suivantes.
Ce sont les patrons du CAC40 qui parlent : quoiqu’on en pense, leur regard porte loin, du moins quand il s’agit de prévoir les méandres de l’économie mondiale à venir. Reste à comprendre ce qu’ils nous veulent, en particulier avec cette « sobriété » dont on avouera que sa signification n’est pas très claire.
- Ouvrez votre dictionnaire des synonymes favori à l’article « sobriété » ; voici ce que, pour l’essentiel, vous trouverez : abstinence / frugalité / austérité / continence / modération / tempérance / et pour finir : sagesse.
Continence, abstinence, tempérance : une partie du concept est lié à la domination des mâles et à leur gaspillage sexuel (2). Françoise d’Eaubonne quant à elle affirmait que seules les femmes sauront protéger l’environnement. A vous de jouer, mesdames.
Austérité, frugalité, modération : nous sommes tous invités à la vigilance de la juste mesure. « Rien de trop » disait la devise de la sagesse grecque (3).
--> Éh bien, voilà où nous en sommes : au lieu de crier à l’écologie punitive voyons plutôt dans ces mesures une occasion de mieux coïncider avec notre véritable nature.
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(1) Dans ce texte co-signé par Jean-Bernard Lévy d'EDF, Hélène Bernicot du Crédit mutuel Arkéa et Pascal Demurger de l'assureur MAIF
(2) Antoinette Fouque, militante du MLF écrit : « L'économie du profit et de la capitalisation est une économie de gaspillage masculine. On sème à tout vent du sperme, qui se perd à chaque éjaculation. On le gaspille comme on gaspille les ressources. » Lire ici.
(3) « Mêden agan » « Rien de trop », était l’une des maximes inscrites sur le temple de Delphes. Lire ici ce passionnant article sur les prophéties de la Pythie.
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En bref : avec la société de consommation nous étions dans un délire dionysien ; nous voici dans la rigueur apollinienne.
- Il faut relire Nietzsche
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