Bonjour-bonjour
Un chanceux vient de gagner 1,3 milliard de dollars au « Méga millions », la loterie américaine. Il avait une chance sur 303 millions, ce qui donne la mesure de l’heureux destin dont il a bénéficié. (Lu ici)
Nous n’épiloguerons pas sur cette chance, ni sur le fait qu’il soit juste ou pas de pouvoir gagner une pareille somme en ne faisant rien – ou presque – pour le mériter. J’insisterai seulement sur un point : c’est que celui qui participe à une loterie spécule sur le fait que tous les autres vont perdre et qu’il va empocher leur mise. L’inégalité gagnant/perdant est le ressort du jeu, comme de tous les paris. De ce point de vue la loterie est juste l’expression de ce rêve de devenir riche sans avoir à faire d’effort pour cela.
- Pourtant jouer au Méga millions ou à tout autre « Truc-à-gratter » révèle une certaine attitude qui serait délétère si elle était généralisée à tous les aspects de la vie sociale, car il s’agit de faire passer son intérêt privé avant celui des autres. Banal ? Oui, si on pense à cet égoïsme qui consiste à vouloir réussir même si pour cela on doit empêcher les autres de le faire. Quand on passe des concours, on ne pense pas à ceux qui échouerons parce qu’on aura réussi ; de même pour les entretiens d’embauches : il s’agit explicitement de se montrer plus fort que les concurrents – qu’ils périssent du moment que je gagne !
J’ai dit que cette attitude serait désastreuse pour la société si elle était généralisée : n’avons-nous pas eu depuis 1945 la preuve que tous tiraient bénéfice de la socialisation des ressources nécessaires pour faire face aux besoins individuels ? La solidarité intergénérationnelle des retraites, la sécurité sociale, ont montré jusqu’à aujourd’hui combien tous bénéficiaient de ces mesures où chacun donnait non pas pour lui-même mais pour secourir les autres.
L’altruisme d’un côté ; l’égoïsme de l’autre. Le choix est tout fait !
Oui… ou pas. Rappelez-vous cette « Fable des abeilles » qui déchaina les fureurs au début du 18ème siècle (1). Il s’agit de l’histoire d’une ruche dont les abeilles étaient égoïstes et indifférentes au sort de leur congénères. Dans la compétition féroce qui les opposaient les unes aux autres certaines amassaient du miel pendant que d’autres périssaient de faim ; mais durant ce temps la production de miel de la ruche était au maximum. Un jour Jupiter courroucé de tant de vices transforma par magie le comportement des insectes qui tout à coup devinrent vertueux et altruistes. L’assistance sociale devient la règle et personne ne fut victimes ni des autres ni de sa propre incurie. La ruche du coup s’alanguit rapidement la production chuta - les abeilles se séparèrent pour aller chercher ailleurs une ruche plus fortunée.
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(1) La fable des abeilles de Mandeville – à lire ici
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