Bonjour-bonjour
Les populistes ont l’art de contrer leurs adversaires en appuyant là où ça leur fait mal : dans un récent discours, Victor Orban (le Premier ministre brillamment réélu de la Hongrie), a fustigé les migrants venus se mêler aux populations autochtones européennes, déclarant que pour sa part la race hongroise refuserait de se mêler avec d’autres races.
Devant le tollé soulevé par ses propos, Orban a effectué un repli, affirmant que par « race » les Hongrois entendaient des groupes d’ordre culturel ou civilisationnel. C’est ainsi que les hongrois refusent de voir des arabes (= musulmans) ou des africains (= cultures allogènes ?) s’installer chez eux. C’est un peu confus, mais on le voit clairement : on est hongrois de naissance, de religion, de langue et de coutume – et tous les autres : dehors !
Monsieur Orban renonce donc à utiliser le mot « race » ? Mais enfin, qu’est-ce que ça change ? Quand il ne suffit plus de respecter les lois d’un pays pour y être accueilli, qu’importent les raisons pour lesquelles ce droit nous est dénié ?
« Zsuzsa Hegedus, une sociologue conseillant M. Orban de longue date et dont les parents ont survécu à la Shoah, a remis mardi sa démission. Elle a dénoncé "une position honteuse" et "un pur texte nazi digne de (Joseph) Goebbels" » (Lire ici)
- Comparer Victor Orban aux nazis ne revient pas à se soumettre à la loi de Godwin ; on devrait même atténuer cette critique en se référant à une forme « adoucie » de nazisme qui se manifesterait par un simple apartheid et non à l’holocauste. En réalité, peu importent les raisons pour lesquelles on rejette une communauté – oublions-les, même si sous d’autres points de vue elles sont essentielles ; peu importent même les actes par les quels on veut imposer cette séparation. Car ce qui compte, c’est le refus de vivre avec les autres – certains autres, définis par leur couleur de peau, leur religion, leur vêtements, etc.
On s’offense que le Premier ministre hongrois tienne ces propos au sein même de l’Europe Unie, mais demandons-nous si cet ostracisme n’existe pas depuis toujours – et pour toujours ? – au sein de l’Europe ? Quand on refuse de louer un logement à Mohammed par ce qu’il s’appelle comme ça, ou de fréquenter Fatiah parce qu’elle porte un voile, que faisons-nous ? Quand on est indisposé de devoir côtoyer des barbus le vendredi au supermarché, maugréant « On n’est plus chez nous ! » : ne sommes-nous pas prêts à élire un avatar de monsieur Orban ?
L’égalité démocratique est un combat.
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