jeudi 24 juin 2021

La liberté par la prison – Chronique du 25 juin

Bonjour-bonjour

 

Les faits divers passent pour être du divertissement : des informations qui occupent l’esprit en suscitant des émotions, mais qui seront oubliés demain et remplacés par d’autres tout aussi inessentiels.

Pourtant certains de ces faits méritent un peu plus d’attention tant ils comportent de situations surprenantes et révélatrices.

Ainsi de cette femme, Valérie Bacot qu’on juge ces jours-ci pour avoir assassiné son mari d’une balle dans la nuque après avoir subi durant plus de 20 années des viols et des mauvais traitements.

Sans doute avons-nous affaire encore à un cas de femme battue qui ne trouve le courage de se défendre qu’après des dizaines d’années de soumission : c’est hélas presque classique… Mais demandons-nous quand même quelles pressions a-t-elle dû subir pour supporter l’insupportable si longtemps ? Quel fut le déclic qui l’a fait passer à l’acte ? Que révèlent tous ces faits relativement à des situations moins extrêmes mais tout aussi cruelles subies par beaucoup d’autres femmes ?

--> C’est lorsqu'on se documente sur ces questions que le fait divers révèle des mécanismes de la vie psychologiques très répandus mais souvent dissimulés par les circonstances de la vie quotidienne ; c’est alors qu’il devient exemplaire.

L’avocate de Valérie Bacot explique : « Elle arrive en maison d’arrêt, et c’est là où elle retrouve la liberté et surtout des gens qui lui parlent. C’est à partir de là qu’elle a commencé à réfléchir. » 

La liberté par la prison : voilà ce qui nous fait réfléchir !  Ce qu’on découvre alors c’est que l’aliénation de la peur constitue une telle camisole qui paralyse la victime et l’engage dans des comportements de soumission, que si la prison protège de ces menaces alors elle permet aussi un certain épanouissement.

Oui, voilà ce que révèle ce fait divers : les mécanismes psychiques créés par la violence subie et par la menace de sa réitération engendrent non seulement un comportement de soumission mais encore un attachement décrit par le passé sous le terme de « syndrome de Stockholm ». Les dictateurs le savent bien : il est plus facile de soumettre un peuple par la cruauté que par l’amour. 

« Il est plus sûr d’être craint que d’être aimé » C’est déjà ce que disait Machiavel dans le Prince – c’était au 16ème siècle.

Et parfois on peut même cumuler les deux lorsque c’est par la violence qu’on parvient à se faire aimer.

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