mardi 22 juin 2021

Pour en finir – ou pas – avec l’écriture inclusive – Chronique du 23 juin

Bonjour-bonjour

 

L’écriture inclusive (encore elle !) vient de s’inviter de nouveau dans l’actualité avec les sujets du brevets où l’écriture « vivant.e » a pu se trouver dans un texte donné au Liban.

Laissant de côté le rejet méprisant des linguistes qui observent qu’il ne faut pas confondre sexe et genre et que si en français la chaise est du féminin, ça ne veut pas dire qu’elle est plus « féminine » que le fauteuil – qui du reste n’est pas plus « masculin » qu’elle. Car le genre est bien proche du sexe dès lors qu’on a affaire à des êtres humains ; c’est ainsi que, revenant au sujet du brevet, nous lisons à propos du sujet incriminé : « pour le sujet dit d'imagination de l'épreuve de français, les candidats au brevet devaient rédiger un « texte poétique » en s'inspirant du poème d'Abdellatif Laâbi L'Arbre à poèmes. La consigne était de commencer par Je suis et de finir par Je suis vivant•e. » (Lu ici)

L’usage de l’écriture inclusive est ici un peu superflu : car l’auteur de la copie est ou bien un garçon – auquel cas il est « vivant » ; ou bien une fille, et alors elle est « vivante ».

Mais quand rien n’est spécifié ou bien quand il s’agit d’un groupe mixe, alors cet exemple révèle la caractéristique de ce type d’écriture. Car on est dans le cas de ce que la physique quantique appelle la  superposition d’état » : de même que le célèbre chat de Schrödinger est à la fois vivant et mort, le groupe mixte est «garçon-fille ». Banalité ? Pas tant que ça : 

1 – dans l’état actuel (non quantique) de la grammaire, on estimera que cet état binaire n’existe pas et donc (c’est là le point) qu’il faut absolument que le masculin ou le féminin l’emporte pour qualifier la totalité. 

2. – et donc puisqu’il faut choisir ce sera masculin et basta !

… Et pourquoi pas féminin ? La revendication féministe qui se traduit par l’écriture inclusive se borne à ce second point. Il faudrait pourtant considérer aussi le premier point, qui évoque le refus de la fusion des individus dans une identité unique. Il ne s'agit certes pas d'une exigence féministe ni d'un un principe calqué sur la physique des particules, mais de la volonté des individus de conserver leur identité dans le groupe.

L'écriture inclusive n'est ni féministe ni quantique ; et si elle était une écriture anarchisante ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire