mardi 1 mars 2022

Grouillez-vous monsieur Lemaitre ! – Chronique du 2 mars

Bonjour-bonjour

 

Marre de la guerre en Ukraine ! Au placard les rodomontades politiques de tous bords ! Un peu d’air frais – de l’air pur et du soleil ! 

La création littéraire vient à notre secours pour nous aider à penser ce qui en vaut la peine : respirer dans une atmosphère neuve, vibrer à des émotions nouvelles, s’ouvrir sur des visons du monde encore jamais explorées.

 

- Le romancier Pierre Lemaitre était hier l'invité d'Augustin Trapenard pour son livre « Le grand monde »

Et que dit Pierre Lemaitre ? « En tant que romancier, ce qui m’intéresse c’est comment la littérature va éclairer le monde... Moi, je travaille sur les interstices du 20ème siècle » (lire ici)

Lemaitre répond ici aux questions pressantes de Trapenard désireux d’avoir le regard du romancier sur le monde actuel. Or, ni la politique ni l’histoire ne le concernent ; bien que situant son dernier roman dans une période marquée du point de vue de l’histoire coloniale française (il se passe à Saïgon en 1948) aucun jugement sur la situation historique ne vient ; comme il le dit : je travaille sur les interstices de l’histoire. Entendez que le monde réel n’a d’intérêt que pour servir de cadre et de soutien à la vie des personnages du roman.

 

Mais surtout, la littérature défendue par Pierre Lemaitre appelle le lecteur à s’ouvrir à des sensations et à des émotions nouvelles – du moins des émotions qu’il n’aurait pas eues spontanément. Alors, bien sûr, certaines d’entre elles sont faites d’effroi et de tristesse : tout ne se passe pas toujours bien dans les romans : si vous voulez voir exclusivement « la-vie-en-rose », achetez la collection Harlequin. La joie et le bonheur doivent se vivre sur fond de tension sans quoi ils n’ont plus de saveur – mais ce n’est pas tout. La littérature en nous dévoilant des chemins nouveaux pour traverser le monde est aussi une ouverture sur des perspectives philosophiques nouvelles – sans pour cela avoir des prétentions lourdement didactiques. 

 

Dans son livre Holzwege, Heidegger nous invitait à suivre des « Chemins qui ne mènent nulle part ». Ceux de Pierre Lemaitre iront là où il voudra nous amener – car le maitre de l’histoire, c’est lui. Mais pour y arriver on en passera par bien des lieux que nous ne soupçonnions pas. Et c’est pour cela qu’il nous faut attendre 4 ans pour savoir où ça va.

 

- 4 ans, c’est long ! Grouillez-vous monsieur Lemaitre !

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