mardi 22 mars 2022

Des « contreparties » au RSA? – Chronique du 23 mars

Bonjour-bonjour

 

Une des questions les plus discutées de la campagne électorale vient de s’installer sans crier gare : le Candidat-Macron annonce que s'il est réélu il obligera les bénéficiaires du RSA à un travail d'environ 15 heures mensuelles en contre partie du versement de cette aide.

Il s'agit d'un vieux projet de la droite, qui considère qu’une aide systématiquement versée aux chômeurs chroniques est un prime à l’inactivité, sorte de « récompense » à la paresse.

Le Candidat-Macron aurait donc décidé de se démasquer franchement : en choisissant cette mesure il adopte une posture de la droite forte. Il faut dire que, venu d’un Président qui a largement ouvert le tiroir-caisse de l’État lors du « Quoiqu’il en coûte », la surprise est de taille.

 Qu’en est-il ?

- Élisabeth Borne la ministre du Travail a « assuré que la réforme du RSA proposée par le candidat Emmanuel Macron prévoit de conditionner le versement de ce revenu à des “contreparties” qui ne seront pas du “travail d’intérêt général”, mais des activités permettant de revenir vers le monde professionnel. » Pour dissiper toute ambiguïté elle ajoute qu’il s’agirait « de participer à des ateliers dans lesquels on peut faire un bilan personnalisé” et non de donner “quinze heures d’activité à la société”, comme le propose la candidate du parti Les Républicains » (Lire ici)

- Obliger des chômeurs à travailler ce serait en effet alimenter le chômage au lieu de le résorber, puisque chaque assisté devrait prendre le travail d’un actif. Ainsi, comme le souligne la Ministre du travail, la contrepartie du RSA est non pas une activité productive mais « des activités permettant de revenir vers le monde professionnel » (ci-dessus)

- Un petit rappel pour être exhaustif : le RSA (Revenu de Solidarité Active) selon la définition officielle, c’est : 

            - un revenu minimum pour ceux qui ne travaillent pas ; 

            - un dispositif d’accompagnement social et professionnel pour faciliter l’accès à l’emploi ou consolider les capacités professionnelles de ceux qui sont sans activité ou qui ne tirent de leur activité que des ressources limitées.

 

- Alors : cette annonce est-elle un franchissement de la ligne rouge séparant la droite du reste de l’éventail politique, ou bien n’est-elle qu’une annonce sans contenu ?

On peut le craindre ou l’espérer, c’est selon, parce que la proposition du Candidat-Macron ne fait qu’enfoncer une porte ouverte depuis toujours (= depuis que le RSA existe), puisque l’objectif officiel est d’aider les gens en capacité de travailler de revenir à l’emploi. 

Il reste quand même deux questions :

    - La première est de savoir quel doit être le rôle de l’État dans ce retour, autrement dit quels moyens il va donner aux chômeurs pour retrouver un emploi. Une formation adaptée aux besoins du marché de l’emploi et au profil des chômeurs de longue durée ? Les opposants au projet ironisent : « On va leur apprendre à rédiger un CV ! »

    - Le second problème est de savoir ce qu’on fait pour ceux qui ne peuvent pas revenir à l’emploi. Élisabeth Borne le dit : « On tiendra compte de la situation de la personne. Ça ne peut pas être la même chose pour un jeune et pour une personne qui a charge de famille »

 

Alors, on soulignera que l’exploitation du travail humain est quand même largement possible - un jeune pourra toujours pédaler chez Delivroo pour des clopinettes.

- Oui. Mais choisir de laisser mourir de faim et de maladie tous ceux – quels qu’il soient – qui ne travaillent pas, reste quand même de l’autre côté de la ligne rouge.

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