dimanche 13 mars 2022

Paul Valéry : le Voyant – Chronique du 14 mars

Bonjour-bonjour

 

On a surnommé Paul Valéry « le voyant » tant sa prescience du monde qui se dessinait après 1918 a été grande – et reconnue. On en trouve la preuve en ouvrant « Regards sur le monde actuel », recueil publié en 1931.

On en cite volontiers cet extrait « Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles » où il révèle que les plus grands acquis culturels et moraux ont été mobilisés pour commettre la plus abominable boucherie de l’histoire.

Bien vu... mais on oublie que dans le même recueil on trouve aussi ce texte :

« L’Histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré. Ses propriétés sont bien connues. Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution, et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines. 

L’Histoire justifie ce que l’on veut. Elle n’enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout, et donne des exemples de tout. » (Lire ici)


Bien sûr il n'était pas besoin d'être voyant pour écrire ce texte qui évoque des faits contemporains, tel que le fascisme de Mussolini qui prétend restaurer l’Empire romain ; ou les nazis qui puisent dans les lointains mythes germaniques l’idéologie mortifère par laquelle ils justifient l’impitoyable destruction les peuples européens.

--> Tout cela Paul Valéry l’avait sous les yeux, oui – mais voilà : aujourd’hui Vladimir Poutine cherche explicitement à ressusciter la Grande Russie, celle de Pierre le Grand, ou mieux encore, de  la naissance de l'empire, lorsque Kiev était sa capitale. Comment ne pas être frappé du fait qu’un siècle plus tard le constat de Valéry sonne hélas toujours juste ?

Et comment ne pas être angoissé en observant qu’il n’a donné aucune remède à ce mal – sinon ne plus enseigner l’histoire ? 

Sauf qu’il s’agit ici de l’Histoire (avec un grand « H »), celle de nos héros – Jeanne d’Arc, Louis XIV et Napoléon – celle qui fait vibrer nos enfants et qui s’enseigne dans les écoles communales.

1 commentaire:

  1. coucou je vous retrouve, je reviendrai vous livre surtout en ces moments très perturbés dans le corps des êtres en première sligne.
    je ne vous ai pas oublié, mais vivre était si compliqué que je preférai me taire et accepter le départ de chacun.
    frankie françoise

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