mercredi 2 mars 2022

L’Histoire s’invite dans notre quotidien – Chronique du 3 mars

Bonjour-bonjour

 

On le sait depuis longtemps : les émotions suscitées par l’actualité sont intenses mais brèves. Elles exigent pour survivre d’être ré-excitées en permanence – et de surcroît elles ne peuvent occuper le devant de la scène qu’une par une. 

Il y a un conflit des urgences et c’est ce que le GIEC vient d’expérimenter avec amertume ces jours-ci. Alors qu’il publiait un nouveau rapport, véritable brûlot qui aurait dû tétaniser le public (vu qu’il annonce que les risques liés au réchauffement climatique sont déjà réalisés et qu’il ne nous reste plus qu’à prendre des mesures pour nous en protéger - ce que nous ne faisons pas suffisamment), sa publication est passée complètement inaperçue, tous les médias étant envahis par les informations consacrées à la situation en Ukraine.

On pourrait croire qu’il s’agit d’une péripétie liée au fonctionnement des médias et des réseaux sociaux. Ce serait faire fausse route. C’est l’Histoire qui s’invite dans notre quotidien.

 

Selon le Président Macron (1) il s’agit du « retour brutal du tragique dans l’histoire ». On ne sait trop s’il faut le croire mais à coup sûr, c’est l’Histoire (avec un grand « H ») qui s’invite dans notre quotidien (2). La guerre russo-ukrainienne implique en effet une cassure radicale dans l’équilibre entre les puissances issu d’une époque enracinée dans les conflits du 20ème siècle : d’un certain point de vue nous venons d'entrer complètement dans le 21ème siècle. 

 

Et voilà que c’est cet évènement, qui fera sans doute un chapitre entier dans les livres d’histoire, qui compose l’histoire immédiate, cette histoire « courte » que décrivait Braudel, faite du « temps individuel », du battement des évènements quotidiens, et des émotions qui l’agitent. Cette percussion de deux temps historiques résulte du surgissement de l’Histoire (avec un grand « H ») dans la nappe des évènements quotidiens – un peu comme une remontée à la surface du magma terrestre en cas d’éruption volcanique 

Nous sommes donc au point de jonction entre l’histoire longue : celle des historiens, et l’histoire courte : celle des magazines d’actualité. Ce point de jonction signifie que l’histoire « longue », celle des peuples et des sociétés est en train d’évoluer, quelle passe d’un point d’équilibre à un autre.

Le Président Poutine a eu raison quand il a prétendu agir par la guerre sur l’histoire longue. Seulement il a voulu le faire en revenant à l’Empire des Tzars : il ignore semble-t-il qu'il n’y a pas de marche arrière dans l’histoire.

Et personne ne sait de quoi demain sera fait.

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(1) Dans son allocution télévisée du 2 mars

(2) Ceux qui seraient intéressés par la question du tragique dans l’histoire chez Hegel, pourront se reporter à cet article


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