mardi 14 février 2023

Le pacte belge suscite la colère des enseignants – Chronique du 15 février

Bonjour-bonjour

 

Avant d’entamer une réforme mieux vaut regarder ce qu’elle donne ailleurs, là où elle est déjà appliquée. Ainsi de la réforme systémique de la pédagogie déjà appliquée depuis 2015 dans les établissements scolaires belges. D’abord acceptée assez largement, cette réforme intitulée « Pacte pour un enseignement d’excellence » se voit aujourd’hui appliquée par la contrainte envers des enseignants qui s’estiment mis sous la menace de licenciement. 

Tout cela est très clairement exposé ici, et je vous laisserai lire cet article récemment publié par « le café-pédagogique » 

 

Par contre il est une remarque assez basique pour être évoquée sans trop de technicité : comparant la réforme belge avec ce qui se prépare en France, l’auteur de l’article cité conclut ainsi : « en France aussi dans les réformes à l’œuvre dans l’enseignement /on observe ce/ renforcement de la légitimité des experts scientifiques – Evidence based education – et des cadres intermédiaires – conseillers en tout genre et directions – au détriment du métier des enseignants. »

Quand on évoque « le métier d’enseignant » on parle de l’acquis issu de l’expérience pédagogique vécue entre les 4 murs de la classe avec des élèves en chair et en os – et non avec des catégories sociales. C’est ce contraste que j’ai personnellement vécu en remplissant des fonctions de formation continue (c’est à dire après le passage du concours) : des jeunes profs qui se trouvaient désarmés en face de leurs élèves et qui constataient que leur bagage théorique ne leur servait à rien : tant que le rapport personnel avec le groupe-classe n’était pas établi, aucune méthode, si ingénieuse soit-elle, ne permettait de franchir le cap.

 

- Bien sûr la méthode belge va beaucoup plus loin. Il s’agit d’élaborer sur place, dans l’établissement, avec les élèves « réels » qui s’y trouvent, un système pédagogique adapté. Pourquoi pas ? Sauf que dans la pratique, 

            * on veut des résultats immédiats donc on applique des principes élaborés ailleurs avec des publics différents ;

            * la même exigence de résultat entraine la menace de licenciement en cas d’échec évoquée plus haut. 

            * Et, toujours compte-tenu de cette exigence de résultats, le contrôle de l’enseignant par la direction de l’établissement est de plus en plus étroit. « Les mauvaises performances du système scolaire ont déjà trop souvent entraîné une volonté d’obtenir par la contrainte des modifications substantielles dans les pratiques des enseignants, sans avoir pour autant de réel impact ni sur l’efficience du système ni sur son équité » précise l’article cité.

 

Le ministre qui doit mettre en place cette réforme sur la base du volontariat s’attend sans doute à ce que les enseignants s’y précipitent avec gourmandise. Autant le prévenir tout de suite : il risque bien d’être déçu.

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