mercredi 8 février 2023

Vous reprendrez bien encore un petit bout de savoir ? – Chronique du 9 février

Bonjour-bonjour

 

On annonce (ici) la publication du livre 14 du séminaire de Jacques Lacan : c’est l’occasion de revenir sur la lecture si aride mais toujours recherchée de ce psychanalyste.

Du temps de ma jeunesse estudiantine à la Sorbonne, dans les amphis de philo on pouvait rencontrer quelques étudiants qui étaient auréolés d’un privilège extraordinaire : ils étaient admis à suivre l’enseignement dispensé par Lacan dans son séminaire. Il faut dire qu’à l’époque (nous étions avant 1966, date à laquelle ont été publiés les « Écrits ») nous n’avions aucun écrit à lire, rien que des rumeurs pour suivre le cours de cette pensée considérée comme une alternative à la doxa marxiste.

- Mais aujourd’hui, combien y a-t-il en France de gens capables de retirer une pensée claire de la lecture de cette publication ?

 

Je lis ici : « A l'occasion de la parution du livre 14 du séminaire de Jacques Lacan, Aurélie Pfauwadel, maître de conférence au département psychanalyse de l'université Paris 8, nous explique comment comprendre Lacan sans être spécialiste. Aurélie Pfauwadel nous enjoint donc à ne pas reculer devant la difficulté apparente de la pensée lacanienne, d’une richesse foisonnante, afin d’en extraire des “bouts de savoir”. »

Oui, vous avez bien lu : estimez-vous heureux si vous retirez « des bouts de savoir » de cette lecture ardue…

Je trouve cette injonction à la fois courageuse et imprudente. 

            * Courageuse car, à lire Lacan, on se prend d’irritation : c’est un traité de psychanalyse réécrit par Mallarmé : abstrus et pourtant porteur d’une complexité qui invite à entrer dans ce dédale de concepts, les textes de Lacan sont des expéditions spéléologiques : n’oubliez pas d’emporter votre lumière avec vous, car les lieux sont ténébreux.



            * Mais imprudente également : car cette lumière additionnelle ne peut venir que d’un savoir déjà acquis et donc qui risque de dénaturer la pense du Maitre. C’est d’ailleurs une des raison du succès du lacanisme : pouvoir être réinterprété sans même qu’on s’en aperçoive.

Qui donc, déjà dans les années 60, aurait pu dire « Je ne suis pas d’accord avec Lacan ? » Car ç’aurait été être en désaccord avec soi-même.

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