Bonjour-bonjour
Impossible de passer à côté des troubles qui secouent l’Assemblée nationale durant les séances normalement consacrées à l’examen du projet de réforme des retraites. Le plus récent en la matière est la suspension de 15 jours infligée à un député LFI pour avoir publié sur tweeter sa photo, ceinturé de l’écharpe tricolore, le pied posé sur un ballon à l’effigie du ministre du Travail Olivier Dussopt. Lequel un peu plus tard, accusé de sexisme par Sandrine Rousseau a déclaré à l’intention de la présidente de l’Assemblée : « Je considère que c’est une insulte. Madame la présidente, vous comprendrez qu’après avoir été représenté comme je l’ai été (en référence au tweet de Thomas Portes, NDLR), cela fait beaucoup en matière d’attaques personnelles. » (Lu – et vu – ici)
Le philosophe laissera de côté le sujet du respect de la volonté du peuple, qui s’exprime par l’élection de députés au suffrage universel, pour se pencher sur la question plus générale du rôle joué par l’insulte durant l’exercice des débats parlementaires – moment essentiel de la démocratie.
- Pour aller vite, nous éviterons de nous interroger sur la spécificité des insultes en matière de politique. Certes on a eu durant des décennies des insultes portant sur l’intégrité morale des élus : « Vendu ! Abruti ! Pov’ con ! » : on connait bien tous ces « noms d’oiseaux ». Plus récemment (et on en a fait l’objet d’un Post il y a 4 ans) on était passé dans le domaine plus prosaïque de la défécation (1).
Aujourd’hui par contre, dépassant la simple insulte (= Olivier Dussopt moqué pour son visage rond comme un ballon) on en vient à la menace d’être décapité – tête dans le caniveau (cf. photo ci-dessus)
Alors ? Bien sûr on peut rappeler, comme nous venons d’ailleurs de le faire, qu’il s’agit là d’une dérive coutumière de la démocratie, qui en a vu bien d’autres, et qui n’a jamais chaviré pour cela. Mais le désordre installé dans l’hémicycle, la Présidente obligée de suspendre la séance pour calmer les esprits, tout cela montre qu’on n’est plus du tout dans la même culture. Hier, on avait des députés « de métier » si j’ose dire – des gens qui consacraient leur vie à la politique, des notables. Aujourd’hui, à force de « sortir les sortants » nous avons élu des députés qui sont restés immergés dans la vie quotidienne, forts de leurs opinions et informés par les émotions de la rue. On a gagné en spontanéité et en proximité entre le pouvoir et les citoyens.
Ça aurait dû pourtant constituer le summum de la démocratie ?
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(1) Dans le post référencé on en était arrivé à s’interroger sur Donald Trump, pas encore élu et déjà mal apprécié. On se demandait alors : « est-il plus grave d’être traité de « merde » ou de « trou du cul » ?
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