lundi 6 février 2023

Ceci n’est pas un livre – Chronique du 7 février

Bonjour-bonjour

 

 

« Syndrome "tsundoku" : est-il grave de ne pas lire les livres qu'on achète ? » c’est avec ce titre un peu racoleur que Philosophie magazine de ce mois a attiré mon attention. Car, s’interroger sur la manie de collectionner des livres qu’on ne lit pas peut paraitre un peu décalé à une époque où le numérique est en train de ronger l’édition papier ne laissant peu à peu aux éditeurs que des rogatons qui iront pour certains d’entre eux directement au pilon.

- Si je me suis arrêté sur ce sujet, c’est parce qu’il nous relie à un passé déjà fort lointain : en effet, des bibliomanes, il y en avait déjà il y a plusieurs siècles, au point que Diderot dans l’Encyclopédie le décrit comme « un homme qui achète des livres pour les avoir, en repaitre sa vue ; pour les choses qu’ils contiennent, c’est un mystère auquel il ne prétend pas être initié »

Oui, cela est vrai et on en connait encore des cas, mais ce qui nous retient c’est que cet amour de la forme et de l’objet existe également dans tous les autres cas de collections. Un collectionneur s’intéresse-t-il à autre chose qu’à un objet ? – Sûrement pas. Plus encore : s’intéresse-t-il au fonctionnement, au service qu’il pourrait encore rendre ? Par exemple les vieilles montres sont-elles recherchées pour donner l’heure à ceux qui les collectionnent ? Quant aux vieilles voitures, même si on se soucie de les maintenir en état de marche, cela fait longtemps qu’on voyage avec des moyens de transports un peu plus rapides et confortables.

--> Dès lors pourquoi s’offusquer qu’un livre soit collectionné non pour le texte qu’il contient mais pour sa forme matérielle ?


Reste à parler de la généralité du phénomène qui motive le collectionneur. En dehors du désir de complétude qui caractérise le collectionneur qui veut avoir une série complète, du début à la fin, on souligne généralement son amour de l’objet – amour parfois considéré comme fétichiste. 

Soit – Pour ma part je voudrais ne retenir que l’indifférence que manifestent ces collectionneurs par rapport à la fonction utilitaire des objets collectionnés : il y a des collectionneurs de pots de chambre qui ne tiennent évidemment pas compte de leur usage malséant. (1)

Or, qu’est-ce qu’un objet considéré pour sa seule forme et sa seule matière ? Un objet d’art, tout simplement. Comme aurait dit Magritte 


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(1) Certains appellent ces gens-là noctevasophiles. Pourquoi pas ? Lire plus de détails ici

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