samedi 11 février 2023

Eloge du kairos – Chronique du 12 février

Bonjour-bonjour

 

Je tombe ce matin sur cet article qui évoque les récits de ceux qui ont réussi - qui ont trouvé un bon travail, ou qui ont découvert l’âme sœur, ou même qui ont simplement gagné au loto.

Frank Ramus l’auteur de cette chronique (1) montre que généralement ces succès sont attribués à la ténacité, à la volonté de vaincre – voire même à la confiance en l’avenir.

Mais la vérité est tout autre : pour connaitre le succès il faut deux choses :

            * d’une part y être prédisposé par d’heureuses qualités génétiques : « Sans les bonnes prédispositions, l’entraînement et le travail le plus acharnés amélioreront sans aucun doute la performance, mais ne permettront jamais d’atteindre le très haut niveau ou la reconnaissance internationale. » peut-on lire dans l’article référencé.

            * il faut également avoir de la chance. Et cela les perdants le savent sans doute beaucoup mieux que les gagnants. Imaginez que vous ayez été favorisé par un tirage favorable lors d’un oral de concours. Allez-vous admettre que vous avez eu beaucoup de chance et donc que votre mérite ne dépasse pas celui des candidats malheureux qui ne l’ont pas eue ?

 

- C’est l’occasion de revisiter notre passé en cherchant les moments où notre vie a pris une bifurcation bénéfique : à quoi tient donc ce succès ? A notre mérite personnel, ou à l’occasion aléatoire qui nous a proposé l’issue heureuse que nous cherchions ? 

La réponse est sans doute dans le hasard qui gouverne nos vies beaucoup plus qu’on voudrait le reconnaitre. 

- Mais il y a un bémol : le mérite en l’occurrence est de savoir profiter du moment opportun qui se présente : là est le secret du succès.

Tout cela est bien connu depuis les grecs qui ont forgé un mythe là-dessus sous le nom de kairos. En voici le résumé : 

« Le dieu grec Kairos est représenté par un jeune homme qui ne porte qu'une touffe de cheveux sur la tête. Quand il passe à notre proximité, il y a trois possibilités :

            * on ne le voit pas ;

            * on le voit et on ne fait rien ;

            * au moment où il passe, on tend la main, on « saisit l'occasion aux cheveux » (Lire ici)

 

Il y a un exemple célèbre d’échec dû à l’hésitation qui empêche de saisir le moment opportun : c’est Perceval.

Au cours de son errance, Perceval - l’un des chevaliers de la Table ronde - est mis en présence des instruments de la passion du Christ, dont une lance qui saigne et un plat qui est en réalité le Graal. Mais Perceval n'ose pas questionner sur ces apparitions miraculeuses et ces objets disparaissent à tout jamais. 

Le mérite des winners est de ne jamais laisser passer leur chance.

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(1) Frank Ramus est directeur de recherche au CNRS

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