samedi 11 mai 2024

À La Rochelle, « Clarisse » fait l’unanimité – Chronique du 12 mai 2024

 


 

Monument à Clarisse érigé à La Rochelle


Bonjour-bonjour

 

Cette statue montre Clarisse, une esclave haïtienne qui a réellement existé (1), donnant le sein à l’enfant de son maître au détriment du sien. Remarquez la gerbe déposée par le Premier Ministre lors de l’inauguration du monument à l’occasion de la Journée des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition à La Rochelle.

Cette statue fait frissonner d’émotion et à juste titre : elle révèle en effet l’implacable vérité : l’esclavage consiste à utiliser les hommes et les femmes comme des objets dont « l’usure » importe peu pour autant qu’ils remplissent leur fonction qui est de permettre la vie confortable de leurs maitres. L’enfant de cette esclave va mourir de faim ? Qu’importe puisque celui du maître va vivre.

 

Si cette statue nous touche ainsi, c’est qu’elle montre la fonction « nourricière » des femmes que l’on ressent comme vitale et liée à un instinct de générosité ancestral, détournée de sa fonction et dénaturée. Cette femme qu’on pourrait croire émue de se livrer à cette fonction, est en réalité un simple animal justifiant son existence par sa lactation. On pourrait croire que, lorsqu’elle sera tarie, on la laissera mourir de faim.

L’esclavage c’est cela : l’homme et la femme considérés comme des bêtes qui n’existent qu’en fonction de leur usage - tout comme les vaches qui passent à l’abattoir quand elles ne peuvent plus fournir de lait.

Horrible ? Oui, au point qu'on est étonné que La Rochelle ose rappeler cette mémoire. Sauf que, comme le montre la note ci-dessous, cette histoire a eu un "happy-end", assurant à Clarisse une meilleure vie que celle de vache laitière qui lui était promise.

Ouf !...

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(1) Clarisse a bel et bien existé. Achetée à Léogâne, ville de Saint-Domingue à l’époque où les Rochelais possédaient d’innombrables intérêts en Haïti, cette esclave a ainsi officié comme nourrice au service de ses maîtres et de leurs enfants. En 1793, le conseil général de la commune finira par déclarer « au nom de la loi, que la citoyenne Clarisse est entièrement libre et peut user des mêmes droits que les citoyennes de la République française /.../ Comme beaucoup de nouvelles affranchies, le nom de Clarisse figurera après 1794 sur les listes des bénéficiaires de secours et subsistances » (Lire ici)

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