mercredi 22 mai 2024

" Je " est un autre – Chronique du 23 mai 2024

Bonjour-bonjour

 

On peut lire dans cet article les découvertes concernant le mécanismes de la mémoire, comment le cerveau trie, organise et conserve les souvenirs parmi la totalité des perception récentes. Où l’on voit comment notre cerveau agit de façon tout à fait raisonnée tandis que notre conscience s’est éclipsée dans le sommeil. Or, celle-ci est bien le siège de notre personnalité, de notre moi, du fameux « Je pense » cartésien.

- Pour le dire de façon poétique il faudrait comme Rimbaud, affirmer : « Je est un autre ». Développant sa pensée, le jeune poète poursuit : « Cela m’est évident : j’assiste à l’éclosion de ma pensée : je la regarde, je l’écoute : je lance un coup d’archet : la symphonie fait son remuement dans les profondeurs, ou vient d’un bond sur la scène ». Je suis à moi-même objet de perception, pendant que le sujet de l’action est décentré dans ce « remuement des profondeurs ». On peut d'ailleurs, ajouter Nietzsche : « Une pensée vient non quand « Je » veut, mais quand « Elle » veut » (Par-delà le bien et le mal – 1886)

- Alors bien sûr les philosophes soutiendront mordicus « qu’il n’y a pas de pensée ne nous, sinon par l’unique sujet « Je » (Alain – Éléments de philosophie).

Alain a raison : l’inconscient freudien n’est pas un autre Moi ; reste que, si le travail de la pensée implique un recentrement et un jugement, il n’est pas une production. Dans la lettre qu’on vient de citer, Rimbaud ne disait pas autre chose : « La première étude de l’homme qui veut être poète est sa propre connaissance, entière ; il cherche son âme, il l’inspecte, il la tente, l’apprend. Dès qu’il la sait, il doit la cultiver (…). ». 

- Bref : la science du cerveau, à travers son imagerie confirme ce que les poètes savaient depuis longtemps. Mais comment s’en étonner si l’on songe que notre cerveau est à lui-même son plus proche objet d’étude ? Pas besoin de lunettes pour l’observer.

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