lundi 13 mai 2024

Au Japon, les bébés qui pleurent grandissent le plus vite – Chronique du 14 mai

Bonjour-bonjour

 

Voyez cette photo montrant un sumotori amateur tenant un bébé lors du concours traditionnel de cris de bébé :

 


 

Un sumotori amateur lors de Nakizumo, en avril dernier. Issei Kato / REUTERS

 

Je le découvre en même temps que vous : au Japon ont lieu des affrontements qui ont pour objet de récompenser … les cris de bébés.

 

Il s’agit d’un festival japonais annuel au cours duquel des bébés sont tenus dans les bras de lutteurs de sumo dans un ring de sumo en plein air. Deux bébés s'affrontent dans un court match dans lequel le premier enfant à pleurer est proclamé vainqueur. Selon le folklore japonais, un bébé qui pleure a le pouvoir d'éloigner les mauvais esprits, tandis qu'un cri fort indique que l'enfant grandira fort et en bonne santé. L’objectif principal du festival Nakizumō est, grâce à des prières rituelles, de favoriser la bonne santé de chaque bébé ; un proverbe japonais affirme même que les bébés qui pleurent grandissent le plus vite.

Les concurrents éligibles doivent être âgés de 6 mois à 18 mois au moment du festival. Environ 100 bébés concourent chaque année et les parents doivent parfois traverser le Japon en entier pour trouver un sanctuaire disponible. Façon de le dire : ce sont les parents eux-mêmes qui font effort pour faire participer leur bébé à cette cérémonie. (Sur tout cela, lire ici)

 

L’idée que j’en retiens est que les pleurs des enfants sont interprétés de façon très différentes selon les civilisations. On l’a dit, pour le Japon traditionnel les pleurs sont des indices positifs marquant la bonne santé de l’enfant et pouvant attirer la bienveillance des divinités. D’ailleurs, lors du festival Nakizumo des rituels très particuliers (voir l’article référencé) ont lieu montrant que rien de profane n’intervient lors de ces affrontements – mais ne peut-on pas dire que des traumatismes peuvent néanmoins affecter ces bébés ? Devant la cruauté potentielle de telles pratiques on se demande pourquoi ce pays si soucieux de préserver la santé de chacun tolère de telles manifestations, même si la tradition vient d’un lointain passé.

 

Oui – le problème est là : non pas de savoir si les larmes des enfants sont des indices de traumatismes, mais plutôt pourquoi des traditions si contradictoires avec les règles actuelles continuent d’être respectées et pratiquées. Mais peut-être ferions-nous bien de nous regarder nous-mêmes : voyez le sérieux avec le quel on continue de prescrire et de prendre de dilutions homéopathiques ; dilutions qui sont telles que pour comprendre leur action il faudrait commencer par rejeter un bon nombre de lois de l’univers.

Au fond, ça ne nous trouble pas plus que ça.

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