lundi 27 mai 2024

« Tu ne tueras pas sauf si… » – Chronique du 27 mai 2024

Bonjour-bonjour

 

Y a-t-il un comportement humain qui échappe au droit, que la loi ne réglemente pas, sachant que réglementer peut aussi dire « interdire » ?

Eh bien non ! Même de l'interdiction, la guerre est exempte : il n’est pas interdit de faire la guerre à un autre pays, et c’est même l’objet d’une légalité spécifique : il y a un droit de la guerre, comme il y a un droit du travail. 

- Mais si la guerre est légale, néanmoins certaines de ses modalités ne le sont pas. Il y a donc des « criminels » de guerre, ce qui signifie que tout le monde ne l’est pas nécessairement en allant tuer des hommes sous un uniforme.

Tuer des hommes est donc possible sans offenser la loi ? « Tu ne tueras pas » connait donc des exceptions, au point qu’il faudrait réécrire sur ce point le décalogue : « Tu ne tueras pas sauf si tu es un soldat qui obéit aux ordres »

En Israël, les intégristes religieux refusent cette exception, mais plus généralement elle constitue l’enfreinte d’un tabou majeur qui déstabilise les anciens combattants, au point qu’il ait fallu, après la fin de la guerre de Corée, retenir les soldats démobilisés dans des camps avant de les rendre à la vie civile, le temps de les réhabituer à la civilisation.

 

- Alors certes, si la guerre est légale, il reste interdit d’enfreindre le droit, dès lors que l’adversaire n’est pas directement concerné. Ainsi durant la Grande guerre, les soldats ne pouvaient saisir des ressources alimentaires sans donner un dédommagement aux paysans.

Mais hélas ! à la guerre, tuer n’est pas le seul crime qui soit permis : peut-on avoir le devoir de tuer autrui sans se sentir autorisé à commettre d’autres crimes ? La pillage sévèrement interdit est-il si sévèrement réprimé ? Ces dédommagements dont nous disions qu’ils étaient donnés en échange d’une saisie, auraient-il été consentis en territoire ennemi ? Plus généralement, quelles sont les limites de la légitimité quand on sait que des viols peuvent être commis « légitimement » dès lors qu’il s’agit démoraliser l’adversaire ?

Le droit international s’efforce de poser ces limites et de les faire respecter : la CPI porte des incriminations de dirigeants dès aujourd’hui pour les actes horribles commis depuis le 7 octobre au Moyen-Orient. 

On en cherche encore les effets positifs.

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