jeudi 11 juillet 2024

D’une flèche l’autre – Chronique du 12 juillet

Bonjour-bonjour

 

A Rouen, la cathédrale dont la flèche (en fonte) culmine à 151 mètres, a été le siège d’un incendie qui n’a finalement affecté que le chantier des travaux dont elle était l’objet. (lire ici)

On frémit en comparant avec le sinistre de Notre-Dame de Paris qui a détruit totalement la charpente et la flèche.

 


 A gauche l’incendie parisien, à droite celui de Rouen

 

On apprend ainsi que, si la flèche de la cathédrale parisienne était telle que voulue au 13ème siècle, celle de Rouen était en fonte depuis le 19ème siècle.  Occasion de s’interroger : en matière de restauration, faut-il à tout prix reproduire ce qui a été fait dans le passé au lieu d’user de matériaux et de procédés qui seraient très probablement choisis aujourd’hui par les mêmes constructeurs s’ils vivaient encore ? On sait que la charpente de Notre-Dame de Paris a été reconstruite avec des troncs de chênes taillés à la serpette et percés à la chignole – quel avantage à faire ce travail avec de tels outils au lieu d’utiliser les machines en vente chez Leroy-Merlin ?

On peut certes considérer qu’un monument historique n’est pas là seulement pour réjouir les yeux, mais aussi pour documenter l’historien lui-même. La charpente de Notre-Dame de Reims, reconstruite en béton après 1918 manque à ce second principe, alors même que rien n’en transparait pour le visiteur.

A l’époque de Viollet-le-Duc, c’est le premier objectif qui s’impose : que la Flèche de Rouen soit en fonte ne change rien à son aspect vertigineux voulu par ses créateurs. D’ailleurs les travaux dont elle est l’occasion actuellement et qui ont été affectés par l’incendie d’hier ne visaient pas à lui restituer sa structure originelle mais à remplacer la fonte par d’autres matériaux.

Si l’on veut, comme à Paris restaurer à l’identique les monuments détruits par des accidents avec le souci de conserver le monument tel qu’il fut à l’origine, alors on doit méditer l’histoire du bateau de Thésée :

La légende rapporte que le bateau de Thésée a été conservé pieusement par les athéniens qui remplaçaient les planches pièces venues à s’abimer – si bien qu’au bout de nombreuse années il ne contenait plus aucune pièce d’origine.


--> " Le bateau de Thésée est une expérience de pensée philosophique concernant la notion d'identité. Elle imagine un bateau dont toutes les parties sont remplacées progressivement. Au bout d'un certain temps, le bateau ne contient plus aucune de ses parties d'origine. La question est alors de savoir s'il s'agit du même bateau ou d'un bateau différent " (Art. Wikipédia)

- Pas sûr que les touristes qui viennent cracher leur chewing-gum sur le parvis de Notre-Dame réfléchissent à ça.

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