vendredi 12 juillet 2024

Qu’est-ce qu’une crise ? – Chronique du 13 juillet

Bonjour-bonjour

 

Le désarroi qui accompagne ces jours parait à son comble. Et chacun de se tourner vers les responsables politiques (ou ceux qui en ont la prétention), pour les interpeller avec irritation : « Qu’est-ce que vous faites ? Trouvez une solution à ce b** : c’est votre taf, pas le mien ! »

 

Là-dessus, le philosophe survient et sort de sa besace une citation archi-rabachée :

« J'avais vingt ans et je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. (…) Tout menace de ruine un jeune homme : l'amour, les idées, la perte de sa famille, l'entrée parmi les grandes personnes. Il est dur d'apprendre sa partie dans le monde. » 

Je dis que cette citation de Nizan a été « archi-rabâchée ». C’est vrai du début, mais moins de ce qui suit et qui peut pourtant éclairer la crise dans laquelle nous nous débattons.

La crise comporte deux éléments : l’instabilité, associée à l’imprévisibilité, et l’explosivité. Selon Nizan, il s’agit bien d’une propriété de la jeunesse qui, du fait de son inexpérience, découvre presqu’à chaque instant de tels évènements. Mais alors la crise suppose un angle de vue qui en fait une manifestation subjective : tel évènement surprenant et aux conséquences inquiétantes pour les uns, sera pour les autres un phénomène lié en réalité à des processus plus profonds et dont l’ambiguïté disparait pour qui sait mettre à jour les tenants et les (futurs)-aboutissants qui en accompagnent le surgissement.

A ce compte, c’est dans l’histoire qu’il faut chercher l’explication de ce qui nous arrive en ce moment, avec ces sursauts incohérents de politiciens égarés, qui cherchent comme des abeilles désorientées le chemin de leur ruche.

Avec ce « bémol » souvent évoqué en ce moment, que l’histoire ne se répète pas, sauf … comment dire ?

--> « Tous les grands événements et personnages de l’histoire du monde se produisent pour ainsi dire deux fois… la première fois comme une grande tragédie, la seconde fois comme une farce sordide… » Oui, c’est cela et c’est Marx qui nous le rappelle dans « Le Dix-Huit Brumaire de Louis Bonaparte »

 

- Au fait je n’ai pas dit quel évènement pourrait nous expliquer ce qui se passe aujourd’hui ? Après avoir en tremblant évoqué la prise du pouvoir par Hitler, on rêve aujourd’hui d’un nouveau « Front populaire » ; et certains se rêveraient déjà en (nouveau) Léon Blum ? Pourquoi pas ? Mais n’oublions pas la rectification correspondant à la nouveauté : nous sommes en 2024 et pas en 1936. Autrement dit il est sacrément difficile aujourd’hui d’ignorer le monde dans le quel on vit. Et puis peut-être est-il difficile de dire à l’avance qui manipule qui ? Et si le peuple n’était pas si égaré qu’on croit ? S’il était en réalité en train de tester les différentes opportunités ? S’il cherchait à savoir non seulement qui est disponible pour vider les caisses en sa faveur, mais aussi qui est capable de les remplir en même temps ? 

Si c’était cela la sagesse, alors autant dire qu’en 2024 la politique n’impliquerait plus du tout la vertu.

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