Bonjour-bonjour
Hier nous nous interrogions « Qu’est-ce qu’une crise ? »
Aujourd’hui l’interrogation est « Qu’est-ce qu’une fête ? »
- « Bof dira-t-on. Nous sommes le 14 juillet, il n’est que de regarder par la fenêtre pour voir des guirlandes, des petits drapeaux, et aussi pour entendre de la musique miliaire diffusée par toutes les télé du quartier – Qu’avons-nous besoin d’une telle interrogation ? »
Admettons. Mais reste que tant de choses différentes peuvent s’appeler « fête » que l’idée – voire le concept de fête – fait problème.
L’idée de réjouissance populaire ne suffit en effet pas à définir le fête. Cette idée de joie peut très bien caractériser un évènement comme le 14 juillet et faire défaut à quelque chose comme la fête des mères. De même que la débauche de consommation, pour célébrer des fêtes gastronomiques – ou encore la fin de l’année voire même le 25 décembre – qu’est-ce que ça a à voir avec les réjouissances de la Fête nationale ?
La fête est donc une notion polysémique ? Soit. Reste à trouver le plus petit commun dénominateur, ce sans quoi la fête n’est plus possible. Les réjouissances ? Mais la fête des morts ne suppose pas l’allégresse à chaque coin de rue, pour autant qu’on sache.
Le CNRTL propose : « Action de louer, d'honorer quelqu'un ou quelque chose. »
Et c’est vrai : qu’on en juge d’après l’illustration de la premier célébration de la Nation le 14 juillet 1880 :
Les symboles affluent, mais pourquoi alors évoquer la fête sous l’angle des bals populaires et des défilés de fanfares ?
- Soit le 14 juillet la liesse voulue pour cette grande réconciliation républicaine vient couronner l’élan unificateur évoqué par le vaisseau ramenant d’exil les « absents » ; mais on est alors dans l’abstraction et c’est une fête bien plus cérébrale que ce à quoi on assiste.
- Soit c’est au contraire ce besoin de fête populaire qui s’empare de la célébration nationale, vécue alors comme une revue militaire dont on sait qu’elle était une occasion de réjouissance : « Ma belle-mère pousse des cris, / En reluquant les spahis, / Moi, je faisais qu'admirer / Notre brave général Boulanger. » chantait-on pour évoquer la revue de Longchamp en 1886. Voir ici
Comme on le voit, lorsque la joie populaire est médiée par l’armée, la politique n’est jamais bien loin.
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