mardi 16 juillet 2024

Casse-toi, pauv’con – Chronique du 17 juillet

Bonjour-bonjour

 

« Menteur, lâche, traitre ! » : ces insultes valaient autrefois un duel à leur auteur. Par contre aujourd’hui, l’insulte politique est plutôt animalière : « Cloporte, vipère lubrique, rat visqueux,… punaise de lit » (1) : la nature des insultes change en fonction des valeurs fondamentales qu’a la société à un moment donné. Ces données sont évoquées par Cédric Passard maître de conférences en sciences politiques et auteur de Usages politiques de l’insulte à qui nous empruntons les principales données de ce billet (voir ici).

Selon lui il y a une histoire de l’insulte en politique non seulement dans la nature des attributs insultants mais aussi dans leur usage ou leurs effets. Certes, si l’insulte politique a toujours existé, « il y a eu au fil du temps une forme de bienséance politique qui s’est mise en place. Les insultes sont devenues plus feutrées, moins franches, moins directes. Toutefois elle s’est développée chez les « outsiders politiques », qui ont moins à perdre en insultant » (ref. ouvrage cité) : ça peut même être une manière de gagner de la visibilité médiatique. Raison pour laquelle le « casse-toi pauv’con » de Nicolas Sarkozy avait choqué en son temps. On voit que l’utilisation de l’insulte a depuis lors été généralisée afin d’attirer la lumière sur ses auteurs. Procédé qui entraine, comme on l’a bien vu lors de la dernière session de débats de l’Assemblée Nationale, une surenchère afin d’éviter l’épuisement de l’effet.

 

- On réclame aujourd’hui comme un enjeu de la vie démocratique le retour à des débats apaisés grâce au renoncement à ces insultes qui hystérisent le débat sans véritable raisons.

On apprécie généralement cet appel à la raison. Toutefois certains (dont l’auteur cité ici) relèvent dans ce cas de l’apathie politique et des discussions trop lisses : « Au Parlement européen, sans que l’insulte soit complètement absente, on a souvent des débats un peu atones, qui ont du mal à attirer l’intérêt des citoyens. »

Pigé, bande de nazes ?

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(1) Sophia Chikirou affirme : « Le hollandisme c'est comme les punaises de lit : tu as employé les grands moyens pour t'en débarrasser, tu y as cru quelques temps et tu as repris une vie saine (à gauche) mais en quelques semaines, ça gratte à nouveau et ça sort de partout... »

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