A Nantes, les fontaines de la place Royale, en centre-ville accueilleront une sculpture sobrement baptisée "Fontaine". Œuvre de l’artiste française Elsa Sahal, elle a été installée pour la première fois lors de la Fiac 2012, dans le Jardin des Tuileries à Paris. On a également pu la voir à l'Hôtel Dieu à Toulouse et à la Maison Rouge à Paris.
Cette œuvre en grès de 3 mètres de haut, imaginée par l’artiste Elsa Sahal, est constituée d’un assemblage de coraux, d’oursins et de coquillages au-dessus desquels trônent deux jambes… et un sexe féminin qui se soulage dans le bassin en contrebas. (Lu ici)
Les amateurs se rappelleront à cette occasion qu’à Bruxelles (à quelques mètres du Manneken-pis) se trouve une autre statue baptisée « Jeanneke-pis » montrant une fillette exactement dans la même attitude.
Le philosophe de la vie quotidienne se trouve un peu désarmé ici. Quel sens faire jaillir de cette banalisation nantaise des tabous ? À quoi peut donc servir cette mise en image de la miction qu’on cache habituellement et qu'on n’évoque uniquement, comme on le voit à Bruxelles, avec des petits enfants ?
Sauf qu’à Nantes, avec l’œuvre d’Elsa Sahal, et avec le découpage du corps que figue sa statue, on a affaire à une représentation qui focalise le regard sur l’organe mis en action, soulignant le sexe par une protubérance exagérée.
Et alors ? La question revient plus que jamais : à quoi bon ? Et principalement : en quoi s’agirait-il d’une œuvre féministe ?
- On notera d’abord que cette statue est une réplique au Manneken-Pis, du genre « Les filles aussi méritent qu’on les montre ».
- Ensuite alors que Jeanneke, la petite sœur du Manneken est accroupie, comme n’importe quelle fillette, la pisseuse de Nantes est debout et produit un jet majestueux exactement comme si elle était un homme. Le message féministe est évident.
- Enfin on peut voir cette statue comme une représentation de la femme destinée à désarmer la libido des hommes. Car en sur-représentant le sexe féminin mais en insistant en même temps sur sa fonction « excrémentielle », on montre que cet organe n’existe pas seulement (comme le voudraient les hommes) pour la jouissance, mais aussi pour un soulagement organique. Imaginerait-on un homme adulte statufié comme le petit Manneken ? Non, bien sûr, car cette fonction exclut désir sexuel – comme le rappelle le chapitre que Freud consacre au « Petit Hans » dont le petit pénis est appelé par sa nourrice le « fait-pipi » (Wiwimacher). Un pénis, tantôt ça fait boum-boum avec les dames, tantôt ça fait pipi – mais pas les deux en même temps.
A Nantes, une dame va nous montrer son Wiwimacher pour nous montrer que nous, les hommes, nous comptons pour rien.
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