mardi 16 juin 2020

Épurite mémorielle : ses causes et ses effets – Chronique du 17 juin

Bonjour-bonjour

 

Ah… Chers amis !... Je vous vois avec votre clé à molette à la main, feuilletant fiévreusement les pages Wiki de votre smartphone à la recherche de nouvelles statues à déboulonner. Christophe Colomb, c’est déjà fait ; Colbert, Schoelcher, Faidherbe : idem. Qui donc renverser ? Louis XIV ? Bof... Napoléon ? Oui, bien sûr ! Ce salopard qui a rétabli l’esclavage dans les colonies françaises : au feu ! Et l’Empire ? Et ses victoires militaires ? Et le Code civil ? Pareil !

 

La sueur perle sur votre front, vos mains tremblent, vous avez perdu le goût du bonheur et vous pensez que rien d’autre que le saccage du Panthéon ne pourra vous le rendre ?

Vous faites un accès d’épurite la fièvre de l’épuration mémorielle. Impossible pour vous de voir une statue de héros du temps jadis sans vous saisir de sa biographie afin de vérifier si, par hasard, il n’aurait pas dit ou fait quelque chose de répréhensible, comme d’avoir possédé des esclaves, de mépriser les femmes ou de battre ses enfants. On pourrait ajouter la cruauté envers les animaux et le mépris des pauvres.

 

Mais au lieu d’énumérer, cherchons plutôt comment fonctionne cette maladie. 

L’épurite mémorielle suppose que le passé n’existe pas, du moins que nos catégories morales, nos valeurs et leur échelle soient identiques d’un bout à l’autre de l’histoire. Et comme cette pathologie ne fonctionne pas avec une continuité qui irait du passé vers le présent, c’est bien l’inverse qui arrive : le passé doit être jugé à l’aune des valeurs des Droits de l’homme. C’est dont une inflammation d’universalite dont souffrent ces malades : ils sentent que non seulement leurs valeurs s’étendent dans l'espace à l’univers entier, mais aussi qu’elles valent à travers le temps, du passé le plus lointain jusqu’au futur le plus éloigné.

L’étiologie de cette maladie ne saurait être complète sans la découverte de son origine première : l’absolupathie, excroissance tumorale du dogmatisme qui métastase rapidement entrainant la perte du sens des limites et la vulnérabilité au populisme. Les malades entrent alors très facilement dans des accès de fureur à l’idée d’une relativité des prescriptions morales, ce qui dégénère dans le négationnisme historique associé au refus de toute analyse scientifique du passé humain.

 

Après ce tableau clinique on attend avec impatience la découverte d’un traitement : trépanation ou vaccin ?

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