vendredi 19 juin 2020

Je suis très en colère – Chronique du 20 juin

Bonjour-bonjour

 

Ah, chers amis, la situation en France et ailleurs est bien éprouvante pour nos nerfs. Car nous apprenons que des « redémarrages » de l’épidémie sous la forme de foyers infectieux (1) plus ou moins nombreux se multiplient non seulement en France mais aussi à l’étranger.

Bref, nous serions très en colère si nous devions reprendre le confinement, et il n’est pas sûr que tout le monde y consentirait. Ne croyez-vous pas que les forces politiques ainsi que les réseaux sociaux s’enflammeraient contre le gouvernement accusé d’être responsable du retour de l’épidémie ? C’est que nous refusons le confinement et les règles de sécurité qui l’accompagnent comme si c’était le résultat de la volonté des dirigeants et non le fait d’une situation. Nous en faisons une question de justice et non d’état sanitaire.

On dira ce qu’on voudra contre les rigidités de la vie sociale d’antan, les longs argumentaires, les discours ampoulés, les débats qui n’en finissaient pas. La raison avec ses pesanteurs et sa froideur était assiégée par les passions et les émotions qui ne pouvaient s’exprimer.

Aujourd’hui, chacun peut se lâcher et en même temps voir les autres applaudir à ces excès. Dites un peu pour voir : « Je suis très en colère… » et vous verrez que nombreux sont les gens qui vont s’intéresser à vous avant même de savoir pourquoi vous êtes en colère.

On a déjà souligné ce fait en pointant la versatilité de l’opinion, voire même ses contradictions, tels que les sondages d’opinion les révèlent impitoyablement. Mais on ne va pas assez loin dans l’analyse. C’est qu’en laissant ainsi dominer nos émotions et nos passions, nous régressons à un stade infantile. Freud l’avait déjà dit : durant l’enfance les pulsions l’emportent sur la réalité, faisant que le petit enfant ne peut se résigner à renoncer à ses désirs. La reconnaissance du principe de réalité, qui nous impose de suspendre leur contentement durant le temps nécessaire à la satisfaction des exigences de la vie matérielle, marque le passage à la vie adulte - mais il ne détruit nullement le principe de plaisir qui nous pousse à exiger la satisfaction immédiate de nos désirs.

"Tout, tout de suite" : écrivez ça sur une banderole et allez défiler dans la rue : vous aurez du monde derrière vous

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(1) En parlant de « foyer » j’essaie d’éviter le mot « cluster » emprunté à l’anglais pour garder la pureté de notre langue. Reste que le mot cluster qui peut aussi signifier « essaim » implique l’idée de groupement, voire même de grappe, alliant le nombre à un caractère aléatoire. Une rue très fréquentée par une foule anonyme peut constituer un cluster.

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