Bonjour-bonjour
Bilan de l’épidémie : les chroniqueurs passent leur temps à comparer – les allemands ont eu moins de décès, les suédois moins de confinement, les brésiliens ont plein de morts … Et de chercher pourquoi les uns ont plus, les autres moins – et si les décisions de la chancelière auraient pu s’appliquer en France, et si on peut dire qu’un Président est à lui tout seul responsable, etc.
Moi je dis : Bla-bla-bla. Tout ça non seulement ne sert à rien, mais surtout ça nous cache l’essentiel. Car le coronavirus est le même partout et ces différences s’expliquent moins par des décisions locales que par des différences organiques dans la constitution des sociétés.
- Autrement dit, le covid19 est un fait social total.
Expliquons : voici une citation de Marcel Mauss (qui n’a pas seulement inventé le potlatch, mais aussi ce concept) : « Les faits que nous avons étudiés sont tous, qu’on nous permette l’expression, des faits sociaux totaux ou, si l’on veut — mais nous aimons moins le mot —, généraux : c’est-à-dire qu’ils mettent en branle dans certains cas la totalité de la société et de ses institutions (potlatch, clans affrontés, tribus se visitant, etc.) et dans d’autres cas seulement un très grand nombre d’institutions, en particulier lorsque ces échanges et ces contrats concernent plutôt des individus. » - Marcel Mauss, Essai sur le don
Ainsi, à l’occasion de certains évènements c’est la société entière qui réagit, révélant par là sa nature profonde. On admet habituellement que dans les pays capitalistes tout ce qui se produit ait un effet sur l’évolution des marchés ; et bien, de même, quand on considère la société dans sa totalité, c’est aussi sa culture, ses traditions, les échanges entre les familles ou les pays – mais aussi le taux de contrainte supporté, la famine subie, etc., qui réagissent à l’évènement.
On observe que les sociologues politiques se demandent aujourd’hui si pour lutter contre le virus il valait mieux une dictature ou une démocratie. Mais c’est l’ensemble de la société qui doit se révéler à travers les effets de l'épidémie, y compris la structure des familles, mais aussi l’éducation reçue dans la petite enfance et puis le degré de religiosité, ou le montant du salaire moyen.
Du coup, tant qu’à comparer les pays face au corona-virus, renonçons à juger de l’efficacité des politiques choisies, et cherchons plutôt à découvrir les spécificités qui se révèlent ainsi.
Par exemple ? On croyait que jamais les français ne supporteraient le confinement, estimant qu’il fallait avoir reçu une éducation chinoise pour ça. On a vu ce qu’il en est, et ont doit maintenant s’interroger : pourquoi nos concitoyens ont-ils supporté ça, et jusqu’où iront-ils dans la voie de la soumission ?
Encore que parler de soumission soit peut-être abusif : la peur de la mort n’est-elle pas, dans une société matérialiste et athée comme la nôtre suffisante pour rester sans murmurer bloqué chez soi ?
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