lundi 22 juin 2020

Les virus de nos amis sont nos amis – Chronique du 23 juin

Bonjour-bonjour

 

Au cinéma il est interdit de s’asseoir juste à côté de gens qu’on ne connait pas, car ils sont supposés véhiculer le virus.

Par contre on peut venir avec 25 potes, occuper un rang entier sans que ça déroge à la distanciation sociale.

Morale : les virus de nos amis sont nos amis.

 

Cette morale très étrange est pourtant vérifiable chaque jour, au moment où nous retrouvons nos amis et nos connaissances. Car le port du masque avec eux est de plus en plus problématique, comme si des gens qu’on connait si bien, qu’on a fréquentés depuis des années et qu’on a peut-être revus hier, ne pouvaient pas être contaminés. Et ce n’est même pas une nouveauté, car l’épidémie de sida du temps où elle flambait (à supposer que ce soit terminé), donnait lieu à la même réaction : pourquoi exiger un préservatif lors de relations avec des gens parfaitement clean, ni drogués ni marginaux, qui fréquentent les mêmes milieux, les mêmes fêtes etc. ? Au point qu’on fait des spots publicitaires pour dire que la pureté sanitaire n’a rien à voir avec le milieu social et que les plus sains en apparence pouvaient fort bien être contaminés. Rappelons que les pays où dominent les religieux intégristes, comme l’Iran ou Israël, ont connu et connaissent encore des flambées de contamination au covid liées à cette indifférence à l’égard des mesures-barrières, qui supposent que tout le monde peut être infecté, même ceux dont la piété est sans faille.

 

Oui, on peut l’observer, l’impur, le dangereux, c’est l’autre, celui qui porte en lui les stigmates de la non-conformité à ce que nous sommes – de la non-identité. L’exemple du cinéma (mais au restaurant c’est exactement pareil) est édifiant : l’altérité commence avec l’absence de relation, avec la « distance » sociale effective. Je tolèrerai mon voisin mais je m’éloignerai de celui qui habite un peu plus loin. S’agit-il d’un effet de la culture individualiste occidentale moderne ? Je ne le crois pas, car autrefois, quand les communautés villageoises étaient très soudées, c’était au détriment des autres villages des autres communautés. L’esprit de clocher n’a jamais été très accueillant pour ceux qui vivent à l’ombre d’un autre clocher.

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