dimanche 21 juin 2020

Pas de justice pas de paix – Chronique du 22 juin

Bonjour-bonjour

 

Ce n’est pas tous les jours que les récits des manifestations de la veille donnent un peu de bonheur. Oui, je dis « de bonheur » sans hésiter, tant la manifestation donnée en hommage à Steve Maia Caniço, le jeune homme tombé l’an passé dans la Loire à Nantes suite à une charge de police, a été digne et… festive. Déclaration pacifique, danses au terme du défilé, slogans qui réconcilient avec l’intelligence des manifestants – tout cela est la marque d’une protestation forte et qui mérite d’être entendue.

La haine, puisque c’est elle qui forme le fonds où s’alimentent l’indignation et la protestation ne transparait nullement dans ce qu’on rapporte de cette manifestation : « « C’est important d’être pacifique, Steve l’était… ». Voilà l’essentiel pour un hommage qui doit montrer que l’exemple donné par la victime n’est pas mort avec lui.

 

Oui, mais il ne suffisait pas de rendre hommage ; il fallait encore dénoncer les conditions dans lesquelles il est mort. « Son amie Soline n'en démord pas. Oui, l'intervention policière menée à 4h25 sur le quai Wilson, en bord de Loire, était "irresponsable", selon elle, lors de cette Fête de la musique. Et oui, c'est bien cette "absence totale de réflexion" qui aurait entraîné la mort de l'éducateur périscolaire de 24 ans, dont le corps a finalement été repêché un mois plus tard, charrié par le fleuve. » (Lu ici) Vous avez bien lu : on ne dénonce pas une police animée de la haine des manifestants et combinant toutes ses ressources pour des attaques visant à les détruire ; on dénonce l’irresponsabilité et l’absence de réflexion – la bêtise plutôt que la malveillance.

Un slogan durant le défilé a lui aussi dit l’essentiel : « Pas de justice, pas de paix ! » 

 


et encore : « Justice nulle part, police partout ! ». Remarquez la modération de ces slogans : car il était très simple de crier « Police partout, justice nulle part ! » qui aurait dénoncé un pouvoir politique despotique.

Cette dénonciation n’est pas la seule : il y a aussi la lenteur suspecte de l’instruction. Un an après ce drame, que sait-on de ses circonstances ? Et des policiers suspectés d’être impliqués dans l’affaire ? « Toute la lumière doit être faite sur les motivations et les modalités d'intervention des forces de l'ordre au cours de cette nuit tragique », déclare Johanna Rolland la maire de Nantes. L'obscurité qui règne toujours est-elle là aussi la trace de l'incompétence ou d'une machination ?

 

« Steve, c’était une bulle de joie qui s’alimentait par la musique. » confient ses amies ; qui donc a fait éclater la bulle ?

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