vendredi 19 juin 2020

Vous avez dit « dette perpétuelle ? » – Chronique du 20 juin

Bonjour-bonjour

 

Mon billet d’hier a suscité bien des interrogations. Une dette perpétuelle ? Qu’est-ce que c’est donc ? S’agit-il d’une dette dont on devrait rembourser à vie les intérêts ? Ne donne-t-on pas cet exemple comme étant celui d’une extorsion de fonds imposée aux pauvres travailleurs pour les transformer en esclaves ? Nos enfants qui viennent de naitre sont-ils déjà pris dans ce système, devront-ils, jusqu’à leur mort, rembourser leur vie durant nos abus dépensiers ? 

Reprenons le fil de l’exposition entamée hier. 

- Le contexte : il s’agit pour l’État de trouver de l’argent, beaucoup d’argent mais de ne pas financer le remboursement par les impôts laissant ainsi aux gens de l’argent pour consommer et ainsi faire tourner la machine.

Rien de bien nouveau ici, vous l’avouerez : le pouvoir n’est pas vraiment soucieux de votre bonheur, mais principalement de l’expansion de l’économie : cette banalité est gage d’authenticité.

- La dette perpétuelle maintenant : il s’agit d’un système déjà ancien, qu’on appelait « rente », puisque la somme prêtée ne revenait au préteur que sous forme d’intérêt, appelé « rendement », le capital n’étant remboursé que très tardivement alors que l’inflation en avait largement allégé le coût. A l’heure où des prêts sont consentis aux États à taux négatif, on peut penser qu’une telle formule pourrait tenter les créanciers.

- Bien sûr en matière de finance rien n’est absolument garanti, c’est même là sa marque distinctive : les taux d’intérêts peuvent varier au cours du temps, la rente peut voir son rendement augmenter ou au contraire s’effondrer, et les emprunteurs ruinés. Raison pour laquelle les Etats européens préfèreraient voir la BCE prendre le relai en consentant des subventions (par définition non remboursables) ou des rachats de dette souveraine, qui en allège la charge en impliquant la création de monnaie.

- Et nous ? Qu’en pensons-nous ? Quelle formule souhaiterions-nous ? En vérité nous n’avons pas grand-chose à dire, car de tels choix concernent essentiellement les bailleurs de fonds : c’est leur accord orienté par leur intérêt qui le détermine. Ce qui est sûr c’est que les pays emprunteurs vont jouer à fond la carte du remboursement annulé ou différé pour sauver leur économie : ont-ils une chance d’être entendus ?

Peut-être car la crise qu’on nous annonce risque d’être gravissime si la consommation s’écroule. Or l’intérêt des préteurs est que l’emprunteur vive assez longtemps en état de produire de quoi rembourser – et donc de consentir des conditions facilitant le bon fonctionnement des économies endettées.

Et pour nous ? Oui, pour nous, qu’est-ce qu’un emprunt perpétuel signifie ?

Rembourser le plus tard possible = travailler le plus longtemps possible en consommant le plus possible.

Finalement il n’y a rien de très nouveau là-dedans : c’est ce qu’on a toujours fait.

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