Bonjour-bonjour
Lu ceci, suite au procès des assassins de Samuel Paty et évoquant les caricatures de Mahomet : « Caricatures de presse : Une certaine peur pèse sur les dessinateurs comme sur les responsables de journaux »
Cela rappelle la « guerre » que la censure du roi Louis Philippe mena contre Charles Philippon directeur du journal satirique Charivari, où il avait lancé une campagne contre le roi, associé à l’image de la poire. (Sur tout cela, voir ici)
Interprétation du dessin de Philippon par Daumier
En 1830 la censure sur les dessins satiriques fut maintenue et en 1835, le garde des Sceaux répondit aux critiques que, d’après l’article 7 de la Charte de 1830 accordant aux français la liberté de publier, les Français avaient certes bien le droit d’imprimer et de publier leurs opinions. « Mais, ajoutait-il, lorsque les opinions sont converties en actes par l’exposition de dessins, on parle aux yeux. Il y a plus que la manifestation d’une opinion. Il y a un fait, une mise en action, une vie dont ne s’occupe pas l’article 7 ».
A quoi Charivari répondit par un page qui confondait intimement le texte et l’image :
Reste que la distinction entre l’opinion et l’"acte de mise en action" a eu un bel avenir, évoqué encore aujourd’hui dans l’interdiction de l’appel à la violence et condamné à ce titre : il y a des mots qui sont des crimes ; « l’antisémitisme n’est pas une opinion » écrivait Sartre dans Réflexions sur la question juive en 1946.
Ce qui était surprenant dans la déclaration du Garde des sceaux de 1835 c’est l’assignation systématique des dessins de presse au statut de « mise en action » des opinions jugées délétères – sans doute parce que les paroles étaient moins aptes à les diffuser ?
Toujours est-il que le dessin de presse semble encore aujourd’hui engagé dans la même polémique qui parait ne pas avoir cessé depuis 1830 : est-ce la même raison qui ferme les journaux actuels aux dessinateurs satiriques ? En tout cas les réactions dites « épidermiques » (art. cité) laissent peu de place aux production de ces dessinateurs et la mise en ligne de la presse n’a pas arrangé les choses. Serait-ce parce que la caricature parait beaucoup plus claire que la description ? Imaginez que vous ayez à remplacer la poire « Louis-Philippienne » par le sens qu’elle véhicule, votre explication, serait moins percutante que l’image.
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