mercredi 15 janvier 2025

Le Ministre aux poches vides – Chronique du 16 janvier

Bonjour-bonjour

 

C’était un homme fatigué, blanchi sous le harnais, mais qui conservait une petite flamme au fond de ses yeux, une flamme qui disait son plaisir de gouverner. Il venait d’être désigné 1er ministre – du moins pressenti pour l’être et ce jour-là il allait présenter son programme devant les députés réunis pour voter pour ou contre lui.

Et pourtant cette petite flamme vacillait dangereusement, sur le point à tout moment de s’éteindre, car… comment promettre une vie meilleure si les caisses sont vides – et même pire que cela : car il était contraint d’annoncer que non seulement il ne les remplirait pas, mais encore qu’il allait ponctionner les maigres ressources du peuple. 

 


François Bayrou, le 14 janvier au Palais Bourbon

 

Vous le voyez ici, à la tribune, en train de jongler avec les chiffres : il ne baisserait pas le nombre des professeurs ? Oui, bien sûr. Mais à quoi faudra-t-il renoncer pour les maintenir ? Et puis, à quel âge la retraite ? Maintenu à 62 ans, c’est le déficit assuré qu’il faudra un jour prochain compenser par une augmentation des cotisations : ce sont les actifs qui vont vider leurs poches pour assurer les pensions des retraités – ils ne vont pas aimer, et ils vont le faire savoir.

Et voilà notre pauvre ministre qui ploie sous le joug de plus puissant que lui : l’argent. Dans le même temps, Elon Musk, un odieux multimilliardaire américain faisait savoir que son argent lui donnait tous les pouvoirs, du moins tous ceux qu’un pays pouvait consentir suivant la Constitution. L’argent autorise au pouvoir de se déployer parce qu’il apporte la capacité de faire. Ici, point de politique, point de question de légitimité : ce que je peux faire, je le fais si je veux.

Pourtant, notre (éventuel) futur 1er Ministre ne désarme pas : sa fatigue, son découragement, il va les oublier en se livrant à une séance de questions/réponses avec ses compagnons d’Hémicycle, ceux avec qui il partage, non pas forcément des convictions communes, mais une pratique régulière des débats de l’Assemblée Nationale. Évoquer des discussions passées, croiser le fer avec l’opposition sur la question de savoir si le Général de Gaulle était pour ou contre le scrutin proportionnel : voilà qui lui permet de se sentir moins seul, même si au terme de la journée il se sent abattu de n’avoir pu changer les choses.

Ce soir, en se déshabillant pour se mettre au lit, s’il fait tomber de son pantalon quelques piécettes, il va les ramasser en soupirant : un peu de pouvoir au creux de sa main.

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