dimanche 19 janvier 2025

Déblayer les rues de Mayotte – Chronique du 20 janvier

Bonjour-bonjour


Lu dans la presse ce matin : « À Mayotte, ça commence à puer, il faut vite qu'on réagisse : après le cyclone Chido le nettoyage de l'île est devenu indispensable »

 

Le lecteur-philosophe s’arrête de lire et se prend à réfléchir : le nettoyage de Mayotte, suite au ravage du cyclone invite à réfléchir sur les déchets en général, sur leur origine, sur leur existence, sur leur élimination. Autant dire que les philosophes sont mobilisés – mais d’ailleurs ils n’ont pas trop à se forcer tant « le » déchet a sollicité ceux qui réfléchissent sur les modes d’existence en général et sur celui des déchets en particulier. Le questionnement n’a cessé de régresser vers leurs causes premières depuis les décennies passées. 

1) En effet, la question était autrefois : « Que faire des déchets ? ». Comme les espèces animales nous avons été sollicités par la question de leur élimination. De même que l’oiseau fait ses besoins en dehors du nid, les humains se sont débarrassés de leurs déchets, parfois en les regroupant dans des lieux dépotoirs. Les archéologues qui fouillent les forteresses médiévales le savent : dans les latrines on retrouve bien des objets mis au rebut, cassés ou devenus sans usage.

2) Mais aujourd’hui, le questionnement est remonté dans la hiérarchie des interrogations sur le mode d’existence. Ainsi le déchet n’est pas un absolu : nos excréments sont bien des déchets par rapports à nous, ils sont même le tout premier de nos déchets, mais ils sont aussi un produit complexe et très précieux si on les considère en rapport avec l’usage qu’on peut en faire – pour l’horticulture par exemple, le crottin de cheval est considéré comme de l’or pour le potager. A partir de quand quelque chose sort-il de l’inexistence pour accéder au statut de réalité ? Faut-il donc considérer que les déchets nous révèlent que rien n’existe dans l’absolu, mais seulement en rapport avec l’usage qu’on peut en faire ? 

3) Et donc nous voici au niveau métaphysique : que penser de l’existence qui n’a pas de réalité absolue, mais seulement prise dans un système de relation, de telle sorte que le complexe (la société par exemple) serait antérieur à l’élémentaire (l’individu) ?

4) Mais alors, finie l’opposition entre l’existence et l’inexistence : ce qui a péri ici, peut être repris et ressuscité là. Les tôles du bidonville de Mayotte, arrachées par l’ouragan ici peuvent être récupérées plus loin pour reconstruire un nouvel abri.

5) Et même la mort : ne serait-elle pas un état transitoire, simple parenthèse entre deux formes de fonctionnement selon des contextes différents ? Et donc la cryogénisation aurait de l’avenir

 

 

 

… sauf qu’on ne sait pas le quel.

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