lundi 27 janvier 2025

Auschwitz : lutter contre la haine – Chronique du 28 janvier

Bonjour-bonjour

 

On n’en finit pas d’épiloguer à chaque anniversaire d’Auschwitz sur la shoah, son l’inhumanité, et sur les horreurs que les hommes font aux hommes. Et il faut bien le constater : ça n’avance pas ! A peine éradiqués ici, les crimes contre l’humanité renaissent là ; on met en place des tribunaux internationaux, des sanctions et des peines : rien n’y fait.

- Peut-être faudrait-il prendre le problème par un autre bout : au lieu de regarder ces massacres horribles comme des exceptions, considérons-les comme des faits ordinaires habituellement réservés aux conflits de voisinage et ici démultipliés à l’échelle d’un pays. La shoah, la déportation massive de tout un peuple comme Trump le propose aujourd’hui pour les gazaouis, tout cela est strictement la même chose que cette maman qui vient de faire mourir d’inanition sa fille (après l’avoir faite souffrir de toute sorte de façons).

- Hannah Arendt a fait scandale au procès d’Eichmann en parlant à son propos de « la banalité du mal » : si nous reprenons aujourd’hui sa formule, ce n’est pas pour dire que nous sommes tous des bourreaux nazis en puissance ; mais simplement que toutes ces cruautés, cet acharnement à faire souffrir et périr nos semblables ne vient pas d’une perversion particulière. C’est un dérivé de la haine.

L’élément essentiel ici, ce n’est donc pas un contexte politique ou culturel particulier : c’est cette passion basique que chacun porte en germe dans son cœur – la haine. C’est elle dont le développement transforme un petit monsieur tout gentil en fonctionnaire implacablement acharné à la perte de femmes et d’enfants. C’est elle que le dictateur de 1984, le roman dystopique de George Orwell, cultive avec son « quart d’heure de la haine ». C’est elle que vous ressentirez si on vous livre le criminel qui a assassiné votre femme et vos enfants – à moins que ce ne soit votre voisin qui vous gêne avec ses bruits envahissants.

La chose n’est pas simple : en dehors de l’effort que suppose l’éradication de certaines de nos passions, n’y a-t-il pas des cas où la haine parait non seulement justifiée, mais encore nécessaire ? Peut-on livrer une guerre « juste » sans éprouver ce ressort qui mobilise les forces ? Où faire passer la ligne rouge qui sépare la haine juste de la criminelle ? La corde qui a pendu les dignitaires nazis à Nuremberg valait-elle mieux que la chambre à gaz ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire