lundi 22 septembre 2025

Jardiner… Et la morale dans tout ça ? – Chronique du 23 septembre

Bonjour-bonjour

 

Encore un article de « reporterre » (ici) qui stimule la réflexion : Jardiner, est-ce créer ou détruire ? Article écrit par Marie Astier, qui s’interroge : « Cultiver, c’est détruire un bout de prairie, pour créer un autre espace de vivant qui nous est utile. « De quel droit ? »

 

Si vous êtes amoureu(se)x de la nature vous refusez d’exercer sur elle une activité prédatrice ; vous voilà donc à vous interroger au moment d’arracher une « mauvaise herbe » : ai-je le droit de faire ça ? Et d’ailleurs comment puis-je savoir qu’elle est « mauvaise » cette herbe ? Si je n’étais pas là, que se passerait-il ? En réalité, personne ne le sait, car il faut pour cela retourner aux origines, quand les hommes n’existaient pas encore.

Mon petit verger était alors une parcelle au sein de la forêt primaire dont personne ne sait à quoi elle ressemblait. Au point qu’aujourd’hui on laisse volontairement certaines zones dans les parcs naturels où personne n’intervient histoire de voir au bout de 30 ans à quoi ça ressemble. Mais qui nous dit qu’il ne faudrait attendre plus longtemps ? Il se révèle que même la forêt amazonienne jugée primaire était par endroit déjà habitée et donc déforestée il y a 13000 ans – à quoi ressemblait-elle avant ? Et aujourd’hui est-elle revenue telle qu’« avant » ?

 

- Et puisqu’on ne peut éviter de laisser notre trace dans la nature, selon quelle valeur juger ce qui est bon et ce qui est mauvais dans notre pression écologique ? Marie Astier écrit : « L’agriculture a donc déforesté, détruit, puis créé de merveilleux lieux de vie en certains endroits, des déserts chimiques en d’autres. Voici un doute qui me taraudait levé. Cultiver, c’est détruire et créer à la fois. (…)

Oui, mais : comment choisir ce qui doit disparaitre et ce qui doit apparaitre, et quel prix il faut payer pour cela ?

L’exemple des sangliers nous montre aujourd’hui que le respect de la nature ne peut exister sans une action destructrice. Quelques précautions qu’on prenne, ces charmantes bêtes on le défaut de ne pas respecter nos plantations en les labourant au mépris des petites plantes qui y poussent. Devrais-je les laisser faire ou bien appeler une horde de chasseurs sanguinaires qui vont les mitrailler ?

 


Marie Astier ne nous laisse pas en rade avec notre questionnement : elle y répond, à la façon des philosophes qui vous renvoient sans cesse à votre responsabilité : « Je veux savoir comment, dans mon jardin, je soupèse mes actions, pour juger si la destruction que j’entame est justifiée par ce qui poussera ensuite. L’agriculture n’étant ni bonne ni mauvaise en soi, jardiner restera donc pour moi un exercice moral permanent. Sans cesse, il me faut affiner les critères qui guident mes gestes. »

Freud à qui on demandait comment élever les enfants répondait : « Faites comme vous voulez, de toute façon ce sera mal ». Si élever et cultiver sont deux activités comparables, avouez que ce pessimisme est décourageant. Par contre si cultiver c’est créer « de merveilleux lieux de vie », alors pas d’hésitation : à vos bèches !

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