« Dieu se rit des créatures qui déplorent des effets dont elles continuent de chérir les causes ». Ce constat, attribué à Bossuet (1), devait être présent à notre esprit en cette saison de fête où nous allons aimer tout ce qui nous va nous faire du mal. On songe facilement à l’abus d’alcool auquel nous sommes invités, oubliant que nos organes, estomac ou foie ne sont pas plus grands durant les fêtes que le reste du temps.
Mais n'oublions pas que Bossuet désigne aussi un travers des hommes beaucoup plus universel. Songeons à l’attrait qu’exercent sur le peuple les charlatans qui se flattent d’augmenter les services publics tout en baissant les impôts. Ou bien qui permettent de consommer en repoussant à plus tard le moment de payer. Pour généraliser on pourrait remonter jusqu’à la Genèse : lorsque le serpent offre l’omniscience il spécule sur la légèreté d’Adam et d’Eve qui oublient les conséquences de leur geste. N’est-ce pas là le sens du péché originel ?
Michel Ange - Chapelle sixtine
Bossuet va encore plus loin : alors même que la sanction est tombée, les pécheurs supplient pour qu’on les épargne, mais ils ne promettent nullement d’y renoncer.
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(1) Il s’agit en réalité de la paraphrase de cette citation : « Mais Dieu se rit des prières qu’on luy fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. » Jacques Bénigne Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes, vol. I, livre IV, p. 149.

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