mardi 2 février 2021

Épidémie : le pire n’est pas certain ; il n’est que probable – Chronique du 3 février

Bonjour-bonjour,


Le pire n’est pas certain ; il n’est que probable : voilà la formule de l’optimiste (sachant que le pessimiste dira exactement l’inverse : « Le pire n’est pas probable, car il est certain. »)

J’aime bien cette formule – non pas pour son optimisme modéré ; mais parce qu’elle coïncide assez bien avec les propos de l’épidémiologie qui dominent ces jours-ci et qui sont toujours centrés sur des statistiques. La maladie ainsi considérée ne fait pas des morts individuels, mais établit des lots de morts, des ensembles de malades en réanimation – classement dont l’évolution constitue l’une des principales études de cette science.

C’est exactement ce qu’on voit aujourd’hui avec la décision du gouvernement de ne pas reconfiner le pays : on veut croire que la progression de la maladie ne sera pas au point de submerger les hôpitaux ; quant à savoir si votre grand-mère va mourir faute de mesures sanitaires adaptées, ce n’est pas son problème : on dirait même qu’une certaine proportion de cadavres supplémentaires ne pèse pas bien lourd face à la meilleure santé de l’économie sauvée par la décision de non-confinement.

Quand l’épidémie s’est déclenchée, le Président a déclaré : « Nous sommes en guerre ». On lui a beaucoup reproché cette déclaration, disant que ces propos anxiogènes étaient maladroits. Mais dans quel cas peut-on voir les individus ignorés au profit de la masse ? Quand un général décide d’une offensive, il sait que des hommes, des individus concrets, des pères de familles, des jeunes pleins d’avenir vont être anéantis. Mais ce n’est pas cela qui compte pour lui : c’est simplement de savoir si ces pertes ne vont pas transformer son offensive en débâcle.

Cette comparaison montre à quel point le pouvoir politique nous cache la vérité lorsqu’il nous dit qu’il privilégie les vies humaines, quoiqu’il en coûte à l’économie, puisque face à la récession économique, les pertes occasionnées par un éventuel reconfinement ont assez peu pesé dans la balance de la décision.

On me reprochera sûrement de ne pas tenir compte de la santé mentale des gens, qui sont sur le point de sombrer dans la dépression au fond de leur isolement. Oui, je le concède. Mais alors pourquoi ne pas avoir remis le marché dans les mains du peuple – « Choisissez : ou bien le confinement ou bien la vie de votre grand-mère. » C’était à coup sûr un moyen de ne plus infantiliser les citoyens.

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