samedi 20 février 2021

No future – Chronique du 21 février


 



Bansky – “No future” – SOUTHAMPTON, ENGLAND

 

Bonjour-bonjour

 

Comme vous le savez, je tiens à conserver une note de légèreté et d’optimisme le dimanche. Or, nous sommes dimanche et choisir comme thème la formule « No future », qui plus est illustrée du graffiti de Bansky, voilà qui peut paraitre paradoxal. 

Et si nous vivions sans futur, ou plutôt sans nous projeter dans le futur ? J’entends bien que cette projection est la preuve d’un véritable optimisme, comme d’acheter des tongs et un bermuda quand il neige encore ou – pire ! – quand l’épidémie menace de nous confiner une fois de plus. Mais ce futur rêvé n’est-il pas comme le ballon de la petite fille du graffiti de Bansky quelque chose de léger, certes, mais qui risque de crever à l’instant même ? Se projeter ainsi n’est-il pas la preuve que ce n’est pas dans la joie que nous sommes, mais dans la promesse d’une joie ?

 

Méfions-nous de ceux qui nous promettent un « Avenir radieux », car ils nous le feront payer de sacrifices et de souffrances bien réelles. Si les idéologies n’ont plus cours aujourd’hui, c’est que nous avons payé très cher la croyance en leur victoire prochaine : la promesse de la société sans classe, comme celle où les richesses ruissellent d’elles-mêmes, nous en avons été désabusés : ce n’étaient que promesses de totalitarisme. Tâchons alors de voir le présent comme le temps de la joie, ou plutôt de la béatitude, pour parler comme Spinoza.

En effet, si la joie n'est pour Spinoza qu’un moment très bref, la béatitude quant à elle nous installe dans une éternité atemporelle.

 

Lisons ce commentaire de l’Éthique par Julie Henry (voir ici)

« La béatitude n’est pas la récompense de la vertu mais la vertu même : la fin n’est pas quelque chose qui était au loin devant nous, qu’on espérerait atteindre… mais quelque chose qui nous avait accompagnés, et c’est peut-être ça le premier lien entre la joie et la béatitude, si la joie est le passage à une perfection supérieure, justement, elle nous a accompagnés tout au long du chemin avec l’idée que la béatitude n’est pas ce dans quoi on va s’arrêter, comme si nous allions nous poser et qu’après nous serions en repos éternel, mais quelque chose qui nous avait guidés, qui nous guide encore tout au long de l’Ethique… La fin de l’Ethique c’est presque un début, qui nous invite à continuer.  »  

Le futur espéré, nous l'avons déjà aujourd'hui, et la fin recherchée, nous la possédions depuis le début.


Ça, c’est le message du 8ème dimanche de 2021.

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