mercredi 17 février 2021

La jaguar ne rugira plus – Chronique du 18 février



 

 Bonjour-bonjour

 

Non, cette formule n’est pas un message codé de Radio-Londres. C’est un simple constat qui fait suite à l’information suivante : la Jaguar deviendra 100% électrique dès 2025.

Un moteur électrique, ça signifie des démarrages dans un léger bruissement, des accélérations sans bruit caverneux de cylindres, des passages tellement silencieux qu’ils en deviennent dangereux pour les piétons. Certains applaudiront cette nouveauté ; d’autres la regretteront : une Jaguar, c’est d’abord le son caractéristique de son moteur – et on en dirait autant de Ferrari, de Lotus etc. autres voitures de rêve vouées au basculement vers l’électrique,  au risque d’être confondues avec les véhicules des postes.

Mais en dehors cette perte d’identité, ce qui se perd ici c’est le signe de la puissance, le symbole du pouvoir non seulement sur la route mais aussi sur la société.

Bien sûr, le luxe inimaginable de ces belles voitures devrait suffire à afficher la valeur sociale de leur propriétaire. Mais justement : si les moteurs cessent de clamer l’extraordinaire puissance de ces voitures, les personnes qui restent à l’extérieur ne peuvent avoir la moindre l’idée de leur luxe.

Mais surtout, ces coups d’accélérateurs qui déclenchent le tonnerre ne sont pas des signes abstraits : ce sont des manifestations concrètes de la puissance. Quel sentiment de puissance quand le plus petit appui du pied sur la pédale de l’accélérateur déchaine le rugissement des cylindres amplifié par le pot d’échappement en bruit rageur et profond à la fois ! C’est que la puissance se mesure à l’écart entre la faiblesse de l’effort rapporté au gigantisme de son effet.

 

Un exemple ? Voici : dans la Création, l’oratorio de Haydn (à 9m15 de la vidéo à écouter ici) on est dans le premier numéro du livret : la terre est encore plongée dans l’obscurité. C’est alors que Dieu dit : « Es werde Licht ! Und es ward Licht » (Que la lumière soit / Et la lumière fut) : le chœur murmure les mots und es ward, et se déchaine dans une clameur soutenue par l’orchestre avec timbales et trompettes quand vient le mot LICHT. Ce fortissimo qui succède au pianissimo fait ressortir la modicité de l’effort déployé par le Créateur pour produire ce déferlement de la lumière. C'est une formidable leçon de théologie qui nous donne une idée de la puissance divine : Jaguar devrait bien s’en inspirer !

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