mercredi 10 février 2021

Évolution de l’épidémie : prévision ou prédiction ? – Chronique du 11 février

Bonjour-bonjour

 

Depuis la décision du Président Macron de ne pas reconfiner les français et cela contre l’avis de certains membres du comité scientifique on a célébré le retour des décisions politiques qui auraient pris le pas sur l’avis des scientifiques.

Qui a raison ? Faute de savoir comment arbitrer ce match savant contre politique, pourrions-nous mieux comprendre pourquoi il peut avoir lieu ?

 

Depuis un an maintenant la science par l’intermédiaire de la médecine est sur le devant de la scène. On lui demande d’agir avec efficacité contre l’épidémie et de nous dire avec exactitude le cours futur de son évolution. Bref : grâce à leur science les médecins doivent prévoir l’avenir faute de quoi ils perdront aux yeux de la nation leur qualité de spécialistes scientifiques.

On connait la suite : devant le galimatias qu’ont constitué les controverses scientifiques incapables d’expliquer unanimement la progression de la maladie dont nous sommes affligés, nous nous sommes tournés vers des influenceurs d’opinion, certes incapables de prévoir l’avenir mais qui prétendent avec toute l’autorité imaginable pouvoir le prédire.

D’un côté la science pour laquelle le passé et l’avenir sont tous deux produits par le déploiement des mêmes lois, et donc identiquement connaissables. De l’autre, les affirmations qui puisent leur conviction dans les désirs et l’imagination. Les premiers prévoient l’avenir ; les seconds le prédisent.

On veut croire que le match est fini avant de commencer et que la science l’emporte sur l’opinion. Mais c’est oublier une chose : pour gagner la science doit avoir la même force de conviction que l’opinion. Or, quand on voit des scientifiques les plus honnêtes déclarer qu’on ne sait pas tout et que certaines connaissances sont encore hypothétiques et en attente de vérification, alors on peut être tenté de se tourner vers les charlatans qui exploitent la crédulité du public – car le public, vous et moi, sommes souvent plus intéressés par la certitude que par sa vérification.

Car il y a une incertitude savante, fondée sur la démarche scientifique elle-même. Et c’est celle-ci qui engage le politique, en tant qu’il est un décideur, à faire des choix sans y être déterminé par l'exactitude scientifique. Et c’est là que nous retrouvons l’origine de la décision de ne pas reconfiner le pays : cette décision s’est insinuée dans l’infime espace d’incertitude laissé par les épidémiologistes dans l’appréciation du cours des contaminations à venir.

On dit que « gouverner c’est choisir » ; il n’est pas sûr que le politique ait toujours le choix : entre la santé et la maladie, on ne choisit pas, on suit mécaniquement la voie qui mène à la santé. En revanche quand la certitude du résultat n’existe pas, le choix réapparait. 

On va croire qu’on ne gouverne jamais aussi bien qu’en tirant à pile ou face. Ce ne serait vrai que s’il n’y avait pas mille degrés de probabilités intercalés entre la certitude scientifique et la prédiction délirante.

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