jeudi 4 février 2021

Le père de Peau d’âne – chronique du 5 février


 

Jean Marais interprète le père de Peau d’âne dans le film de Jacques Demy (1970)

 

Bonjour-bonjour

 

Les affaires d’incestes père-fils ou père-fille qui occupent actuellement une si large place dans nos médias favoris est révélatrice de la sensibilité de ce sujet. S’il est une crise fatale à la famille, c’est bien celle-ci, qui consiste à dénouer les rapports amoureux entre les géniteurs pour les réorienter vers leur progéniture. 

Pour en parler je voudrais envisager cet évènement non du côté du viol ou de l’abus d’influence, mais du côté des rapports amoureux. Car selon notre droit, l’inceste n’étant pas en soi un crime, il serait tout à fait pensable qu’un père, tout comme le personnage du Roi du conte de Peau d’âne, puisse avoir des relations sexuelles consenties avec sa fille majeure. Il est notable que ce conte d’ailleurs ne présente cette éventualité comme condamnable que parce que le roi veut s’unir à sa fille pour lui faire un enfant destiné à lui succéder sur le trône – un peu comme dans la Bible les filles de Loth qui s’unirent à leur père pour avoir un enfant de lui. – Genèse 19, 30-38 (à lire ici)

Si Peau d’âne fuit son père ce n’est pas pour éviter d’avoir un rapport sexuel avec lui (le rôle joué dans le film par Jean Marais dont la beauté et la noblesse légitimerait s’il le fallait que sa fille ait un penchant amoureux pour lui), mais pour l’empêcher de concevoir avec elle un enfant. Et de son côté le roi ne cherche pas une jouissance charnelle, puisqu’il ne fait qu’obéir à sa défunte et toujours adorée femme : nous sommes bien dans le contexte de la crainte des monstruosités qui frappent les enfants issus d’unions consanguines. Du coup, nous restons avec ce conte populaire dans la tradition lointaine condamnant cet acte qui menace les familles et l’espèce humaine de dégénérescence 

En revanche ce n’est pas du tout comme cela qu'aujourd'hui nous ressentons l’inceste, parce que nous ne parvenons pas à dissocier l’acte incestueux à la fois du viol et de l’acte pédophile. 

Jusqu’à présent le législateur avait sanctionné indirectement l’inceste en frappant d’interdit le mariage entre collatéraux. Même de nos jours le Père de Peau d’âne ne pourrait pas se marier avec sa fille ; en revanche – et toujours selon notre code pénal – s’il en avait eu le goût il aurait pu coucher avec elle sans risquer la moindre condamnation. Seulement sa fille avait imaginé une parade pour le dégoûter de s’unir à elle : se revêtir de cette dépouille dégoutante : la peau de l’âne aux écus d’or.

Pour savoir ce qu’il en est, lisez la Chronique suivante.

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