Bonjour-bonjour
Pas plus tard qu’hier j'annonçais la mort des idéologies. Oui-oui… mais quand même : pas si mortes que ça les idéologies, puisqu’aujourd’hui même on dénonce leur retour dans les cantines scolaires.
Des exemples ? Il y en a à foison, voyez plutôt :
- En décembre, refus de Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, d'installer un sapin, « arbre mort de Noël », devant la mairie (pas dans les cantines, mais presque).
- Hier : choix du maire de Lyon d'imposer temporairement des menus uniques sans viande - mais avec œufs et poisson - dans les cantines scolaires
- Et a contrario, il y a quelques semaines, en Alsace on va introduire de la viande de gibier dans les menus des collèges
Tout cela sur fond de polémique entre responsables locaux, les uns dénonçant des décisions idéologiques, les autres vantant l’échelon local, incarné par les cantines scolaires, pour servir de « fer de lance de la transformation écologique»
Car il s’agit pour les partis écologistes de réaliser la « transition alimentaire » vers une consommation plus végétale... Autrement dit, on veut nous inciter à devenir végétarien, sachant que l’élevage d’animaux de boucherie absorbe des ressources alimentaires précieuses et pollue la terre, l’air et l’eau. Quant aux Alsaciens, c’est de la même façon qu’ils veulent valoriser leur tradition cynégétique avec l’inscription de sanglier dans les menus des écoles.
En dénonçant cette évolution comme étant guidée par une idéologie, que veut-on dire ?
L’idéologie est un système d’idées ou de représentations soutenant une « vision du monde ». Pour les philosophes, une vision du monde est une Weltanschauung définie par Kant comme « l'intuition d'un tout, ouvrant sur une idée du monde à laquelle ne correspond aucune connaissance théorique ». (Critique de la faculté de juger § 26) Rien dans la réalité ne correspond donc à cette pseudo connaissance et les décisions qui sont prises en rapport avec elle ne sont que des choix qui n'ont aucune nécessité objective.
Si vous vous étonnez de voir cet attirail conceptuel mobilisé pour justifier des menus de cantines, c’est que vous avez oublié que la nourriture est l’objet de tabous très strictes édictés autrefois par les religions et maintenant par les idéologies – par exemple naturalistes. La puissance des tabous alimentaires (comme notre refus de manger du chien ou pour les musulmans du porc) montre combien l’éducation est déterminante pour l’acceptation ou le refus des aliments. On pourrait bien imposer ces menus ciblés dans les restaurants d’entreprise, ce serait diététiquement aussi valable ; mais c’est quand même chez nos petits enfants qu’on le fait.
Faut-il s’en scandaliser ? Oui, mais en n’oubliant pas que d’autres manipulateurs opèrent en douce sans même qu’on le remarque.
Vous voyez de qui je veux parler ?
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