dimanche 7 février 2021

Il n’y a pas que le sexe dans l’amour – Chronique du 8 février

Bonjour-bonjour

 

Dans une petite semaine, c’est la saint Valentin ! Si vous l’aviez oublié, soyez sûr que les commerces ne manqueront pas de vous le rappeler : les occasions de dépenses un peu facultatives, comme une jolie paire de boucles d’oreille ou un très patriotique « Slip français »



 Que ça plaise, pourquoi pas ? Mais que ça puisse contenter des amoureux, je ne le crois pas.

- Que leur proposer alors pour exprimer leur amour ? Je séchais lamentablement quand je suis tombé sur le site fabuleuse au foyer qui nous propose de « faire l’amour avec le yeux ».

Oh bien sûr j’en connais quelques un(e)s qui vont ricaner : « L’amour le matin à mater le/la copain/copine sous la douche, merci du conseil mais on n’en avait pas besoin. » Je vous laisse juge de ce qu’il faut en penser, mais selon moi aucun doute : les amoureux qui en sont là sont bien près de la porte de sortie.

L’autrice de ce blog n’y va pas par quatre chemins : qu’est-ce que l’amour qui ne se résume pas à « faire » l’amour ? « Chère fabuleuse, aujourd’hui, j’ai envie de te parler du regard comme piste d’exploration. Il n’y a pas que le sexe dans la vie, et c’est une bonne nouvelle. »

Moi, quand je lis ça, je me carapate vite fait : encore ce sentimentalisme fleur-bleue qui oublie tout simplement que quand on aime on aime tout de l’aimé(e) y compris son corps, y compris ses poils. 

Mais notre coach en amour ne nous a pas encore tout dit. Voici la suite : « Je vous souhaite de vous contempler et de vous laisser contempler l’un-l’autre comme une œuvre d’art, d’étudier les courbes de vos cœurs et de vos corps nus afin de vous connaître sans faute et d’en dessiner une cartographie secrète, intime, sensuelle : la vôtre. »

Ça, c’est l’amour complet, celui que ne vient pas absorber la consommation de l’autre, cette union qui se consume dans la fusion des corps, si instable, si fragile, qu’un rien vient interrompre ou empêcher. C’est pour cela qu’il n’y a pas que le sexe dans la vie – ou plutôt : dans l’amour. Aimer c’est aussi garder la distance, celle du regard, celle de l’admiration, celle de la contemplation. Et c’est dans cette distance que nait le plus intime rapprochement, lorsque l’autre cesse d’être un objet pour devenir sujet – un sujet qui est totalement autonome, mais en même temps complètement uni à moi. Les philosophies du regard n’ont pas vraiment saisi l’importance de cette contemplation : Sartre parce qu’il y voit un affrontement qui me disqualifie d’emblée ; Levinas parce que chez lui c’est l’intuition fulgurante de la présence d’autrui qui s’opère dans cette vision.

Contemplation inépuisable dit notre autrice : bien entendu ! Mais contemplation où l’essentiel est donné dans le premier instant : Je t’aime.

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