Bonjour-bonjour
Une abstention record à 52,5% et voilà qu’on s’affole : le premier parti de France serait devenu celui des pêcheurs à la ligne qui ont trouvé hier mieux à faire que d’aller voter. Alors la démocratie est-elle minorée ? La montée des extrêmes en serait-elle donc la preuve ?
Pas seulement, car c’est le spectre des Gilets-jaunes qui ressurgit : voilà revenue l’angoisse des élus mal élus contestés dans la rue par ceux qui clament que le peuple est le seul à détenir le pouvoir légitime et qui ajoutent que le vote n’est qu’un moyen parmi d’autres de l’expression des citoyens : il y a l’opinion défavorable mesurée dans les sondages ; mais aussi la grève et donc la manifestation de rue.
- Derrière cette situation actuelle se profile quelque chose de plus grave : car la participation aux élections baisse de façon régulière depuis les années 80, preuve qu’il ne s’agit seulement d’une attitude circonstancielle et que la vérité est à rechercher plus en profondeur (1). La régularité de cette tendance montre en effet qu’à côté des « intermittents » de l’abstention, il y a aussi une abstention déterminée par le mépris des acteurs politiques : pourquoi aller voter lorsqu’on est persuadé qu’ils sont « tous pareils », entendez « tous aussi incompétents – voire même : « tous aussi menteurs » ? - Que nous a fait Hollande que ne nous aurait pas fait Sarkozy ? Et en 2018, le jeune Macron n’a-t-il pas supprimé l’ISF et mis en place la Flat taxe sur les revenus du capital – comme n’importe quel suppôt de la finance ?
On s’y attendait, mais 50% de gens qui méprisent les dirigeants du pays, ça fait quand même beaucoup. Ces accusations sont à mettre en parallèle avec l’indifférence vis-à-vis de l’engagement politique, l’élu n’étant pas perçu comme gauche ou de droite, mais comme un distributeur de prébende.
On peut en effet mettre en parallèle la baisse du taux de participation avec la volatilité de l’électorat. Hier on votait selon son milieu social, voire même selon l’engagement de ses parents. On était communiste de naissance ou de droite parce qu’on était un « vieil abonné du Figaro ».
Aujourd’hui ça ne marche plus comme ça. On vend son vote au plus offrant : le mieux-disant en matière de santé ou de sécurité doit fournir des chiffres à l’appui de sa déclaration d’intention : tant de milliards, tants d’emplois crées, tant d’établissement construits.
- Tu me promets de m’aimer ? Dis-moi combien tu mets sur la table. Un point c’est tout.
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(1) Comme on s’en fera une idée en lisant ce passionnant article
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