mercredi 15 juin 2022

Modération, sobriété, frugalité, abstinence, austérité, etc. Chronique du 16 juin

Bonjour-bonjour

 

Chers amis, vous qui ne cessez de vous éponger le front en maugréant contre cette fichue canicule qui vous accable, vous êtes en plus submergés des recommandations de toutes sortes, qui visent et votre comportement du jour et le mode de vie qu’il vous faudra adopter à tout jamais, du moins jusqu’à la fin de votre vie.

Comme vous pouvez le lire en titre de ce passage, il s’agit de la sobriété devenue le maitre mot de notre vie, associé il est vrai à la frugalité, et à l’abstinence, sans oublier l’austérité, la modération – etc. Autant dire que tout y passe : depuis des recommandations économiques jusqu’aux règles les plus rigoureuses des moines bénédictins.

 

On reste étonné devant la variété des registres mobilisés ici : des conseils en économie domestiques, on passe à la gestion des ressources planétaires, et puis aux règles de la vertu – et pour finir aux considérations spirituelles. N’en jetez plus ! tout ce qui auparavant était en libre-service, comme l’eau, ou consommé sans restriction, comme le lumière ou d’autres formes d’énergie – devient l’objet de parcimonie, comme l’électricité qu’il faut économiser jusque dans les témoins lumineux, ou le robinet qu’il faut fermer quand on se brosse les dents.

Et pourquoi ? Pour être « responsable ». Responsable de quoi ?  De l’état de la planète puisqu’il peut être imputé à chacun dès lors qu’il consomme des ressources qu’il faudra au final compenser. On devine que cette responsabilité à l’égard d’un si vaste objet que la terre entière est une nouveauté radicale. Quelles en sont les conséquences ?

            *Pour la première fois nous sommes responsables de la planète entière, nos abus ici étant l’occasion de pénuries là-bas, de l’autre côté des océans. La mondialisation est d’abord celle de la responsabilité non seulement face à l’humanité, mais encore à la nature entière.

Nous devons penser non seulement aux chinois et aux indiens à chaque fois que nous allumons la lumière de notre chambre, mais aussi aux ourses polaires qui dérivent lamentablement sur leur glaçon à cause de notre imprévoyance.

            * Et puis nous sommes aussi responsables de l’avenir et pas seulement du présent. C’est Hans Jonas qui, en 1979, dans son ouvrage « Le principe responsabilité » à mis en avant cette nouveauté selon lui radicale : la morale ne doit pas seulement nous obliger pour le présent, mais aussi pour l’avenir. Respecter les autres comme le commande la morale kantienne ce n’est pas seulement valable pour ceux avec qui nous sommes en relation aujourd’hui, mais aussi par rapport à ceux qui vivront demain. Nous sommes donc responsables des hommes et de la nature de demain, dans la mesure où leur vie sera impactée par notre comportement actuel. 

Mais cette responsabilité est plus théorique que pratique : comment savoir ce qui sera déterminant pour les générations à venir ? Les terres rares dont nous faisons une forte consommation manqueront-elles à nos petits enfants ? N’auront-ils pas trouvé un autre moyen de faire tourner leurs ordinateurs quantiques ?

Bref : « Sommes-nous responsables de l’avenir ? » - Voilà un sujet fort intéressant auquel nos candidats bacheliers ont échappé hier.

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