lundi 6 juin 2022

On ne pense à rien – Chronique du 7 juin

Bonjour-bonjour

 

Délaissant pour aujourd’hui l’actualité la plus brûlante, je vous propose, chers amis, un peu de relaxation et de bien-être, un peu de quiétude et de douceur de vivre.

Et comment faire ? C’est simple, et on vous le recommande de partout : laissez-vous aller, lâchez prise, renoncez à tout contrôler. Est-ce donc si difficile ? Oui sans doute puisqu’il ne suffit pas de le répéter béatement pour y parvenir. Pourtant des méthodes existent. En quoi consistent-elles ? Que font-elles ?

 

- Écoutez ces propos venus d’une jeune femme parlant hier des bienfaits de son activité de dentellière : « On est dans le présent, on ne pense à rien »

1° Être dans le présent : oui c’est là la condition du bonheur ou du moins du bien-être. Pascal le disait dans un fragment des Pensées : « Nous ne pensons point au présent ; et, si nous y pensons, ce n'est que pour en prendre la lumière pour disposer de l'avenir. Le présent n'est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais. » (Fragment 172). Ne même plus penser à l’avenir, ni se souvenir du passé. Être concentré dans l’instant présent sans jamais enjamber vers le futur ni remonter vers le passé.

2° Pour y arriver, il faut avoir une occupation qui absorbe l’attention totalement sans jamais susciter de projection vers l’avenir, ni faire appel au souvenir. Mieux que le jardinage qui suscite constamment la réflexion pour faire les meilleurs choix botaniques ; et que la belotte qui est remplie d’espérance de joies ou de craintes de frustrations : la dentelle (ou ses variantes telles que le tricot – voire même le macramé). 

3° Objections :

            *A rester figé dans le présent, ne risque-t-on pas la perte de conscience ? C’est en effet une possibilité, mais on suppose que l’activité de fabrication de la dentelle sollicite l’attention suffisamment pour ne pas devenir machinale.

            * Rester dans la pensée du présent, est-ce bien la condition pour être heureux ? Comme on l’a vu, selon Pascal ne pas rester dans la pensée du présent c’est en tout cas une attitude qui nous déstabilise et empêche la tranquillité d’âme sans laquelle le bonheur ne peut être.

            * Enfin et surtout, ne pas penser, est-ce là le bonheur ? Car c’est on l’imagine avec joie que notre dentellière le constate : « On ne pense à rien ». Cette absence de pensée peut-elle être donnée comme un but idéal à un être humain dont toute la dignité est justement de penser ?

Je sais bien quelles difficulté soulève l’emploi de façon absolue (= sans complément d’objet) du verbe « penser ». Pourtant le philosophe regimbe : apprendre à diriger ses pensées, oui. Chercher à les anéantir : non. 

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