vendredi 8 novembre 2024

Du droit à l’erreur à Bercy et ailleurs – Chronique du 9 novembre

Bonjour-bonjour

 

Le citoyen reste bouche bée devant l’aveu d’ignorance et d’incompétence venu des plus hautes sphères de l’État : oui ce sont les services de Bercy qui ont fait l’erreur de calcul responsable du dérapage des comptes publics à 40 milliards d’euros.

Pour rappel, le déficit, qui était initialement prévu à 4,4 % dans la loi de finances 2024, devrait finalement atteindre les 6,1 %, selon les dernières données du gouvernement. Ce dérapage s'explique en grande partie par des recettes inférieures aux prévisions des services de Bercy. Un trou – comme on l’a dit hier – d'environ 40 milliards d'euros.

Laurent Bach (professeur de finances à l'Essec et coresponsable du pôle entreprises de l'Institut des politiques publiques (IPP)) fait l'autopsie du principal coupable : l'impôt sur les sociétés. Alors que cette taxe sur les impôts représente moins de 5 % des recettes, elle constitue pourtant plus du tiers de l'erreur de prévision en 2024. (Sur tout cela, lire ici)

Alors, on pourrait se réjouir : une erreur qui ne porte que sur 5% des recettes, voilà qui relativise ce dérapage : il aurait pu être bien pire !

Toutefois, une « petite » erreur sur les recettes de la France peut entrainer des différences de plusieurs dizaines de milliards au niveau du budget - et donc un endettement imprévu à financer ou à annuler.

Et puis prenons garde à l’effet d’entrainement causé par ce dérapage : il s’agit de centiles qui deviennent toxiques lorsqu’ils sont situés dans certaines zones. Je pense à la différence affectant une augmentation à 1,7% selon qu’elle fait passer de 1,4% à 3,1% ou (comme ici) de 4,4% à 6,1%.

En matière de finance, il n’y a donc pas d’erreurs « absolues » car leur effet dépend de la masse budgétaire qu'elles vont affecter. On dirait exactement la même chose en médecine avec les dosages sanguins : l’effet d’un excès de cholestérol n’est sans doute pas le même selon qu’on est à 1,5 gr par litre de sang ou à 2,5.


- On en vient ainsi à la question du « droit à l’erreur ». On questionne volontiers le rôle de certains métiers, comme médecin ou – comme on le voit ici – responsables financiers ; mais on oublie de vérifier dans quelles situations ces erreurs ont été commises : sur l’arrivée d’une course de sprint, la seconde est la limite tout juste tolérable pour l’erreur. L’effet d’une erreur de calcul de la vitesse n’est pas le même selon que je monte dans une diligence ou un supersonique.

--> Donc si on ne sait pas prévoir un déficit, mieux vaut revenir à la diligence.




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