Bonjour-bonjour
Adèle Van Reeth, la directrice de Radio-France est une femme heureuse. Bien que chahutée par le personnel des stations de radio-France à la suite de sa réorganisation de l’antenne – avec à la clef une motion de défiance votée par le personnel – la voici à la tête de France-Inter et de France-info, les deux meilleures audiences mesurées par Médiamétrie.
Dans son élan d’enthousiasme, elle a déclaré : « Le cap que nous suivons est plébiscité : être un média ouvert, joyeux, populaire, qui invite à penser contre soi-même et à se tourner vers l’avenir… sans oublier tout le plaisir que la radio peut procurer. Quelle joie ! ».
« Penser contre soi-même » : diable ! D’où lui vient ce paradoxe, et comment peut-elle se féliciter de pouvoir l’appliquer aux antennes que sont France inter et France info ?
- Notons d’abord que la formule « pour néant pense qui ne contre-pense » est connue pour venir de Montaigne et plus largement, car c’est une formule assez diffusée à l’époque, de la philosophie médiévale, quand des professeurs de scolastique utilisaient la méthode des débats avec argumentation « pro » et « contra », à savoir qu’on devait aléatoirement soutenir les points de vue favorable ou au contraire défavorable à la même thèse. Montaigne qui est en effet imprégné de cette méthode, admettait que nos points de vue habituels sont peut-être relatifs et que le point de vue contraire au notre pourrait bien être recevable : son relativisme était en fait nourri de l’idée que la vérité déborde peut-être le champ de notre savoir, et que des thèses apparemment opposées n’y sont en réalité que les divers aspects de la réalité.
- Bref : comment comprendre que ce soit là un secret de la réussite des stations radios ?
Faudrait-il admettre que le statut de service public comporte l'obligation de donner une pluralité d'informations parce que c’est justement cette largeur de vue qui permet aux citoyens de forger leur opinions ? Les auditeurs de radio France se verraient proposé une ouverture la plus large des problèmes actuels, alors que ceux des autres médias seraient comme des indiscrets qui se contentent de ce qu’on voit par le trou de la serrure.
Dans ce cas, nous ouvrir à la complexité du monde serait bien un service à demander au service public.
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