Les femmes ont pris pour slogan de leur indépendance par rapport aux hommes cette formule (« My body, my choice ») pour dire que tout ce qui concerne leur corps, comme la liberté de procréer ou de vivre là et comment elles le souhaitaient ne dépend que d’elles-mêmes. Leur corps est alors entièrement soumis à leur volonté exclusive, un peu comme un objet.
C’est cette définition comme objet, qui est pris par la justice comme donnant un statut au corps des femmes, excluant par ce fait qu’on attribue à celui-ci le statut d’une personnalité de droit.
Dit comme cela ça peut paraître bizarre mais ne l’oublions pas : l’objet est toujours défini par rapport à un sujet qui en use à sa guise : le galet sur la plage n’est un objet que lorsqu’un promeneur, attiré par sa forme, le ramasse. Le corps d’une femme est un objet par rapport à une personne qui en fait un certain usage : alors que les femmes considèrent qu’elles sont les seules à exercer légitimement un pouvoir sur leur corps, les hommes le contestent avec leur slogan démarqué de celui des femmes : « Your body, my choice »
On sait que les femmes font de leur slogan « My body, my choice » le fer de lance de leur droit à l’avortement, l’embryon qu’elles portent étant considéré alors comme une excroissance de leur corps et non comme une personne déjà autonome – ce que contestent comme on le sait les « pro-life » qui affirment que le fœtus est dès le premier jour un enfant dont la vie est sacrée.
Depuis l’antiquité à nos jours, les femmes ont revendiqué le droit d'exercer sur leur corps un droit inaliénable d'en user comme elles le souhaitent. C’est ainsi que de nos jours certaines parties du corps sont modifiées à volonté : ainsi des nez réduits ou des seins grossis, de ces fesses plates rendues rebondies ou de la peau avachie retendue.
On croira peut-être qu’il s’agit-là de transformations qui n’existent que depuis peu. C’est vrai qu’on a aujourd’hui le bistouri agile. Mais rappelez-vous : les amazones qui se coupaient un sein qui les encombrait fort pour tirer à l’arc ;
... ou ces petits garçons qu’on castrait pour conserver à l’âge adulte leur voix cristalline d’enfant. Ils étaient supposés en droit de le faire à condition d'avoir un droit total sur eux-mêmes, c’est-à-dire sur une partie de leur corps investi d’un projet. En tant que sujet humain, j’ai le droit de faire ce que je veux de mon corps-objet
Kant dira qu’il est immoral de considérer qui que ce soit comme un objet : le garçon de café est bien un objet puisqu’il est là pour me servir ; mais il est interdit de ne le considérer que comme tel : d’où le respect que je lui dois. Mais ce même principe s'exerce par rapport à moi-même : je dois me respecter.
La philosophe en tire une interdiction de la masturbation parce que cela revient à considérer son propre corps à un certain moment uniquement comme un objet : ainsi je n’aurais pas le droit de m’amuser avec mon kiki parce qu'il ne serait qu'objet séparé de mon corps-organisme. C’est très bizarre…
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